En 1937, Leo McCarey tourne « Cette sacrée vérité » (titre original : « The awful truth ») avec Gary Grant et Irene Dunne, cette comédie loufoque (screwball comedy), très réussie, appartient au sous-genre des comédies du remariage.
En 1940, il décide de remettre le couvert : même couple d’acteurs, un thème ainsi que des péripéties très semblables, avec, toutefois, une spécificité, en effet, la rupture du mariage initial n’est pas, ici, liée à l’infidélité réelle ou supposée des personnages, mais au fait que la mariée est déclarée morte après une expédition en asie du sud-est… ce qu’elle n’est pas, en définitive. Empêché suite à un accident de voiture, McCarey doit abandonner la réalisation à Garson Kanin, il est seulement crédité, au générique, comme étant à l’origine de l’histoire et comme producteur.
Cet aléa n’empêche pas le film d’être une grande réussite qui ignore délibérément tous les éléments potentiellement dramatiques de son sujet pour se concentrer sur la difficile (et drôlissime) refondation du couple Grant/Dunne, malgré les changements intervenus dans leur vie (lui a pris une nouvelle femme,
elle a vécu sept ans sur une île déserte avec un apollon
).
Les deux acteurs principaux étincellent, les répliques fusent, leurs mimiques font mouche. Autant je connaissait les capacités de Cary Grant en la matière, autant j’ai découvert, avec un grand plaisir, celles d’Irene Dunne qui peut, à la fois, être guindée et débridée... et puis quel rire charmant…
Les dialogues ne sont pas la seule qualité du film : la caractérisation des personnages secondaires, tel le juge scrogneugneu (il y a toujours un juge dans les comédie du remariage), est savoureuse, les gags sont très efficaces (McCarey a commencé sa carrière dans le cinéma en travaillant pour le producteur Hal Roach et en dirigeant Laurel et Hardy).
Et puis, quel surprise de découvrir Randolph Scott dans une comédie (l’apollon susnommé, c’est lui) ! Je ne le connaissais, jusqu’à présent, qu’en cowboy solitaire dans les films de Budd Boetticher. Il faut dire que Scott n’était pas un inconnu pour Grant puisque, dans la vie, ils ont partagé le même toit pendant 12 ans...
Ce film qui n’a pas pris une ride, est un vrai plaisir.