Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Un visiteur
2,0
Publiée le 29 août 2012
Ensemble intéressant, avec quelques belles scènes; mais qui se cherche sans cesse sans parvenir à se trouver. La réflexion introduite n'est pas réellement pertinente, ce qui rend le scénario légèrement futile. La mise en scène est un peu simpliste, au delà des quelques plans filmés en caméra-oeil, et ne permet donc pas de donner au scénario l'ampleur qui nous avait échappée. Le tout reste agréable pour les sens comme pour la réflexion; mais sans folie, sans grandeur, juste "comme ça". (12.5/20)
L'image du double est une idée qui a obsédé de nombreux écrivains, d'Edgar Poe à Dostoïevski. Kieslowski reprend cette idée et part d'un personnage déjà ébauché dans Le Décalogue 9 : une musicienne souffrant d'une fragilité cardiaque. Il y a Weronika, il y a Véronique. L'une est Polonaise, l'autre Française. Elles n'ont strictement rien en commun, à un détail près : elles sont totalement identiques. Elles arrivent à communiquer entre elles inconsciemment, et quand Weronika meurt brutalement, Véronique le ressent au plus profond d'elle-même. La mort de Weronika, que l'on avait suivi dans la première partie du film, constitue le pivot de l'action, et on passe de Weronika à Véronique dont les pensées et les actions sont des échos à celles de Weronika. Marionnettes, jumelles, fées ? Que sont-elles ? Kieslowski les suit dans leurs villes respectives avec toute la virtuosité de sa caméra, et des filtres de couleur caressantes. Sa mise en scène valse dans la ville, et l'on suit avec douceur les pas des Véroniques. Irène Jacob incarne les deux avec un talent inoubliable : impossible de détacher ses yeux de ses yeux à elle, de suivre son envoutante présence. Il s'agit certainement du film de Kieslowski le plus agréable à regarder, et la beauté d'Irène Jacob y est sans doute pour beaucoup. Mystique, rêveur et déroutant, La Double vie de Véronique se regarde avec passion et presque volupté.
20 ans plus tard, a-t-on déjà oublié Kieslowski, et son incroyable talent à conjuguer esthétique raffinée et évocation délicate des sentiments, voire des sensations les plus ténues ? Ce serait dommage, d'autant que l'on ne voit guère de successeur à son cinéma extrêmement émotionnel tout en restant parfaitement abstrait, voire théorique. Avant l'apothéose que constituerait la trilogie "Bleu, Blanc, Rouge", "la Double Vie de Véronique" permet de saisir toute l'originalité du regard que pose sur les êtres humains - les femmes surtout, magnifiquement filmées, car très désirées... - Kieslowski : un peu comme chez Antonioni, mais avec une grâce peut-être encore supérieure, il ne s'agit ici surtout pas de nous raconter une histoire, mais de toucher au contraire à l'insondable mystère de l'existence (sommes nous des marionettes, ou au contraire contrôlons-nous notre existence ? pourrait être le sujet - très simplifié, je l'avoue - du film). Faisceaux de coïncidences, brouillard ténu de sensations, le tout regardé derrière une vitre colorée qui déforme légèrement notre perception des personnages comme de leurs "aventures", l'ambition de Kieslowski est ici de réduire au minimum l'intelligilité de son film pour en maximiser l'impact émotionnel, ou même - oserais-je le dire ? - spirituel : il est clair que "la Double Vie de Véronique", jusqu'à sa magnifique conclusion suspendue, divisera violemment le public, entre ceux qui s'irriteront d'un formalisme excessif de l'image et de la mise en scène, et ceux qui auront rendu les armes de la logique et accepté de rêver autour d'une rencontre inouie sur une Place de Cracovie.
Krzysztof Kieslowski pouvait être un cinéaste intéressant quand il réussissait à concilier esthétisme et émotion. Ce qui est le cas pour "Rouge" et pour deux ou trois épisodes du "Décalogue". Hélas dans "La Double Vie de Véronique", l'esthétisme écrase totalement l'émotion et cela malgré une idée de départ aussi attirante qu'étrange et un argument scénaristique absolument magnifique qui avait tout pour donner un très fort potentiel émotionnel à savoir que Véronique peut ressentir inconsciemment des émotions liées aux actions de Weronika. Mais bon quand un sujet très chaleureux est abordé par un cinéaste qui avait décidé d'être plus-que-jamais un véritable congélateur, et en dépit de la pétillance de la très belle Irène Jacob, on ne peut qu'avoir un film très froid, trop froid.
Critiques dythirambiques à sa sortie... On peut revenir dessus presque vingt ans après et montrer une certaine réserve : à l'image de la bande son et de la photo, l'ensemble du film est ampoulé et prétentieux. Reste un scénario très "kieslowskien" vraiment dignes d'intérêt, mais Dieu que ses films polonais sont nettement au-dessus ! Cela dit, la double vie de Véronique reste très regardable, surtout comparée à la catastrophique trilogie des trois couleurs qui suivra après. Irène Jacob est l'autre point fort du film.
Je n'aime pas le spritualisme de pacotille de ce film, la bande-son est détestable. Même si j'ai été sensible à la grâce fragile d'Irène Jacob, je ne partage aucunement les éloges dithyrambique qui ont accueilli ce film à sa sortie.
AMOUREUSE ! De ce film, de ses acteurs, de l'histoire qu'il raconte, de ses couleurs... Bouleversant, ce chef d'oeuvre du 7ème art m'a marquée à tout jamais...
Le scénario est bien plus subtil que ne le laisse entendre le synopsis : la ressemblance des deux Véronique n'est pas systématique et n'est pas le centre du film (heureusement...). La musique omniprésente envoute et les lumières, souvent colorées, quand il ne s'agit pas carrément de filtres, donne, avec les effets d'optique, une ambiance irréelle et poétique au film.
Film d'esthète, où chaque plan hypnotise, où chaque cadre relève de la composition de peintre, où chaque image est magnifiée par des teintes sépia et vertes, relevée de grande musique. L'histoire reste elle, trop théorique pour vraiment prendre aux tripes et nous empêcher de décrocher quelques secondes ci et là. Les thèmes les plus intéressants : le double, la gémélité, ne sont souvent qu'effleurés, même si c'est toujours avec délicatesse, et délaissés au profit d'une histoire d'amour un peu envahissante. Le film donne toutefois envie de se plonger profondément dans l'oeuvre de Kieslowski.
Ce qui frappe au premier abord dans ce film, c'est la méticulosité extrême dont fait preuve Kieslowski dans la mise en scène et dans les images, où chaque plan est particulièrement recherché et travaillé (sans compter le sépia, qui rappelle l'univers de Jeunet). On a ainsi l'impression d'assister à la déconstruction et à la reconstruction d'une véritable oeuvre d'art, ce qui rend l'effet général d'autant plus saisissant. Louons aussi les petits "artifices" déployés, comme les effets d'optique inclinant certaines séquences dans le trouble complet, l'allégorie des marionnettes, qui permettent d'insister sur la fragilité du personnage de Véronique, ou encore sur le recours à un magnétophone pour nous emmener dans le monde des sons, propice à l'égarement total. Partant d'un scénario qui ne s'emballe jamais, entretenant une atmosphère étrange et hypnotique, soulignons aussi l'excellente interprétation d'Irène Jacob, qui instille tant la subtilité que la fragilité donc à son personnage, emprunt d'une profonde générosité, évoluant sur les cimes de limprobable. Terminons évidemment par le thème en lui-même, à savoir le double, la gémellité, traité avec délicatesse, exhumant certes la quête identitaire intimiste, mais pour mieux la fondre dans lobscurité des terrassements. Un film unique.