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il_Ricordo
103 abonnés
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4,5
Publiée le 7 juillet 2012
L'image du double est une idée qui a obsédé de nombreux écrivains, d'Edgar Poe à Dostoïevski. Kieslowski reprend cette idée et part d'un personnage déjà ébauché dans Le Décalogue 9 : une musicienne souffrant d'une fragilité cardiaque. Il y a Weronika, il y a Véronique. L'une est Polonaise, l'autre Française. Elles n'ont strictement rien en commun, à un détail près : elles sont totalement identiques. Elles arrivent à communiquer entre elles inconsciemment, et quand Weronika meurt brutalement, Véronique le ressent au plus profond d'elle-même. La mort de Weronika, que l'on avait suivi dans la première partie du film, constitue le pivot de l'action, et on passe de Weronika à Véronique dont les pensées et les actions sont des échos à celles de Weronika. Marionnettes, jumelles, fées ? Que sont-elles ? Kieslowski les suit dans leurs villes respectives avec toute la virtuosité de sa caméra, et des filtres de couleur caressantes. Sa mise en scène valse dans la ville, et l'on suit avec douceur les pas des Véroniques. Irène Jacob incarne les deux avec un talent inoubliable : impossible de détacher ses yeux de ses yeux à elle, de suivre son envoutante présence. Il s'agit certainement du film de Kieslowski le plus agréable à regarder, et la beauté d'Irène Jacob y est sans doute pour beaucoup. Mystique, rêveur et déroutant, La Double vie de Véronique se regarde avec passion et presque volupté.
Comme dans tous les films de Krzysztof Kieslowski, la musique de Zbigniew Preisner a une place plus qu’importante puisqu’elle est un élément majeur de ses films. La musique est d’ailleurs toujours magnifique et envoutante. Certains plans sont des plus intéressants comme le passage du concert dans la première partie. Je l’ai vu en noir et blanc ce qui donne une sensation qui doit être différente par rapport a la version couleur. Par exemple la séquence des marionnettes a un rendu certainement meilleur dans la version noir et blanc que dans la version couleur. La Double vie de Véronique est très bien filmé mais pour ce qui est de l’histoire j’ai plus été emballée par son décalogue ou sa trilogie avec notamment bleu et rouge.
Quel film merveilleux ! Une histoire damour, une histoire sur les trésors précieux de la vie, sur le destin ,la fatalité. Keslowski atteint le sublime avec « La double vie de Véronique ». Le cinéaste polonais nous fait pénétrer dans la « sphère intime » de Véronique / Weronika. « Lhistoire dune vie qui continue, quittant un être pour se perpétuer dans le corps et lâme dun autre être ». Kieslowski prend la main du spectateur et lentraîne dans un univers charnel, troublant, remplis de désirs où lêtre humain doit se fier aux signes et aux moindres détails de la vie. Hypnotique par sa sublime musique signée Zbigniew Preisner, « La double vie de Véronique » est construit autour des sensations, des impressions par une virtuosité et une pureté des images rarement atteinte au Cinéma. Comment ne pas tomber amoureux de la sublime Irène Jacob ? La jeune comédienne récompensée par le prix d'interprétation à Cannes en 1991 élève le film vers l'irrationnel et incarne la grâce et la fragilité à l'état pur. Radieuse, lumineuse, elle devient alors fantasme intouchable toujours auréolé d'une aura quasi-irréelle. Jamais les mystères de la vie n'auront été aussi troublants et on sort du cinéma bouleversé et convaincu qu'un être sur Terre nous ressemble physiquement et psychologiquement. Beaucoup de sentiments passent par le non-dit et l'atmosphère érotico-sensuelle qui nous font aimer le cinéma, qui nous font aimer la vie. Oeuvre sur les coïncidences, les intuitions, les connexions immatérielles et pourtant réelles, sur les sensations, sur la vie, sur la mort, sur le destin. Comment résumer la plus belle scène du film (et une des plus belles du cinéma) où Weronika rend son dernier souffle durant l'envolée lyrique du récital ? Où on sent de manière palpable une âme s'envolée vers un autre corps..."La Double vie de Véronique" est un film touché par la grâce, virtuose, une expérience unique, une ode à la vie, époustouflant, riche en symboles, sur la quête de soi. Chef d'oeuvre.
C’est ici la question du double et de l’alter ego qui est abordée. Sommes-nous en correspondance secrète sans pour autant connaître l’existence cachée de cet autre nous-même ? Le film recoupe toutes les dimensions qui font la nature du cinéma de Kieślowski ; les trois dimensions politique, métaphysique et esthétique. En premier lieu, la piste politique. Une courte séquence met en scène Weronika à Varsovie durant une manifestation. Il n’y a aucune indication visant à replacer le contexte, mais on peut penser qu’il s’agit d’une référence à l’agitation politique qui secoue l’Europe de l’est entre 1989 et 1991. C’est à ce moment précis que Weronika croise son double occidental. Le thème de la rencontre des deux Europes, séparées depuis plusieurs décennies par le Rideau de Fer, sera repris par la suite dans Trois Couleurs : Blanc en 1994. Ensuite, la piste métaphysique au travers des questions de hasard, de destin. La mort n’est rien d’autre que l’apogée du hasard, et elle parcourt l'œuvre du réalisateur. L’omniprésence de la couleur verte, qui colore de façon irréelle l’ensemble du film, renvoie à cette dimension. Le vert c’est “la couleur du hasard, du jeu, du destin, du sort, de la chance” (Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau et Dominique Simonnet). Mais c’est aussi une couleur ambivalente ; elle tend aussi à la malchance,spoiler: ici la mort de Weronika . La question du double et du destin est également sensible dans la relation entre Véronique et le marionnettiste. On peut se demander si cet homme ne serait pas le double du réalisateur lui-même. C’est ce que suggère une des dernières séquences du film au cours de laquelle le personnage confectionne deux marionnettes à l’image de Véronique (et Weronika ?). Enfin, la piste esthétique : en 1912, Marc Chagall peint Golgotha dont les deux couleurs principales sont le rouge et le vert (deux couleurs très présentes dans le film). L’évocation du peintre par le père de Véronique permet de se replonger dans la tradition chrétienne qui veut que Sainte Véronique, lors de la montée au Golgotha, propose au Christ portant la croix, son voile pour qu’il s’essuie le front. Sur ce tissu, le visage du Christ s’imprime miraculeusement. Il s’agit d’un double dont l’iconographie chrétienne multipliera les exemples ; c’est le Saint-Suaire. A noter l’importance de la bande son, en particulier dans la scène de l’écoute de la mini-cassette où l’on entend les bruitages liés aux scènes suivantes, ce qui donne une intensité très particulière.
Encore un film pseudi-intellectuel, parfait pour les critiques de cinéma. Moi, j'ai tenu 1h, et à force d'être embrouillé par le réalisateur sans avoir une réponse, et bien, j'ai décroché et fini par arrêter. Je ne comprends décidément pas ce genre de films, comme par exemple souvent les films avec Juliette Binoche, qui joue d'ailleurs dans Bleu, un autre film de Kieslowski, qui s'amuse à embrouiller le scénario, sans que l'on puisse s'y retrouver un temps soit peu, et essayer de s'accrocher... je n'ai pas trouvé non plus exceptionnelle Irène Jacob, car l'on voit parfaitement qu'elle ne chante pas.
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18 103 critiques
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0,5
Publiée le 14 avril 2021
L'histoire de deux femmes identiques nées aux deux extrémités de l'Europe et reliées uniquement par un lien spirituel ténu dont aucune n'a pleinement conscience pose la question suivante sommes-nous vraiment seuls au monde. Le réalisateur Krzysztof Kieslowski n'apporte pas beaucoup plus qu'une réponse affirmative et le concept lui-même est limité car les deux Véroniques ne sont jamais autorisées à se rencontrer car si elles le faisaient l'ensemble ne serait qu'un autre épisode de la Quatrième Dimension. C'est assurément un film très vague principalement axée sur la poursuite d'un marionnettiste énigmatique par la Véronique française. Le long du chemin on trouve quelques suggestions intrigantes et aguicheuses de plusieurs similitudes plus que fortuites entre les deux femmes mais l'effet n'est pas différent de celui d'un film où il manque une scène sur trois et parce que le fardeau de la signification est placé entièrement sur le spectateur il risque d'exaspérer quiconque s'attend à une histoire plus cohérente et logique comme moi...
Certes "La double vie de Véronique" est, formellement, très joli. Kieslowski a l’art de créer de belles images. Elles sont, de plus, associées à une très jolie BO de Preisner. Dommage que le récit de ces deux vies croisées manque de force et d’impact.
Sur un récit imaginaire, proche du surnaturel ( deux êtres identiques dans deux pays différents ) Kieslowski déroule un procédé cinématographique d’une extrême sensibilité, dans l’esthétique raffinée d’une mise en scène quasi abstraite. La solitude de Véronika à Cracovie confrontée à ce double possible quelques part dans le monde. Elle croit l’apercevoir dans un car de touristes quittant précipitamment la place du marché où une manifestation va être dispersée par la police. Où l’amertume d’une histoire écourtée par la maladie s’efface devant la sérénité d’un avenir plus rayonnant. Véronique en France donne le meilleur d’elle-même dans une quête amoureuse qu’elle ne mène jamais à son terme. Car en a-t-elle le droit, elle, à la santé tout aussi fragile que son alter-ego, cet ailleurs qui la taraude ? Qui la fait vivre dans l’ombre de la mort… Il y a 30 ans Krzysztof Kieslowski interrogeait à sa façon le monde. Parti peu après, il nous laisse avec les mêmes interrogations. Elles sont toujours d’actualité, son film aussi . Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Avis : Belle œuvre atypique qui mérite selon moi son engouement critique très favorable à sa sortie. Présenté en sélection officielle en compétition au 44ème Festival De Cannes en 1991, il y recevra de belles récompenses avec le Prix d'interprétation féminine pour Irène Jacob, le Prix de la Critique Internationale FIPRESCI et le Prix du Jury œcuménique tous bien mérités. Un long métrage se basant sur le système de destins liés et qui est à la frontière de la spiritualité. Le film est lent, beau, parfois touchant car laissant des émotions et surtout prenant notamment dans sa première partie en Pologne. Malheureusement ou heureusement je ne sais pas, le film laisse des questionnements philosophiques sur le destin et le hasard qui sont les thèmes forts avec aussi l'amour et la mort, qui constituent ce long métrage proche du sublime mais malheureusement ponctué d'un ventre mou. La réalisation très maniériste du cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski est très atypique mais fichtrement classe avec tout un panel de filtres de couleurs saturée de jaunes, de verts et de rouges. L'actrice principale suisse Irène Jacob est vraiment lumineuse ainsi que sublime et joue avec une certaine grâce les deux personnages. Voilà une œuvre que je convoitais comme quelques autres de voir avec une très grande envie et qui va me rester. Je vous la recommande pour vivre une belle plongée poétique dans la double vie de Véronique envoûtante et pleine de mystères.
Un mot sur la BO : Magnifique et grandiose, elle accompagne à merveille le film dans sa lenteur mais aussi dans ses émotions le tout avec une certaine grâce. Elle est signée Zbigniew Preisner qui est juste un compositeur de talent et d'exception. Ses musiques se rapprochent bien sûr du genre de la musique classique et ici la bande son occupe une place primordiale à l'embellissement de l'ensemble. Ma note : 8/10 !
Irène Jacob a une beauté simple, pure et en même temps terriblement envoûtante. Le film intrigant, distille par petites touches son charme et son mystère doit néanmoins beaucoup à sa très belle et lancinante musique qui imprime votre mémoire. Le film s'achève et laisse le spectateur troublé. Et ravi. A voir et à revoir.
Évidemment, une telle utilisation de la lumière, de la musique, des émotions, du mystère, cela ne peut laisser indifférent. Aimer ? Détester ? Ce film inégal, parfois ennuyeux, parfois magique, m'aura plutôt convaincu.
Je n'ai pas été captivée du tout par l'histoire j'en suis presque désolée, tant les critiques à l'égard de ce film sont élogieuses. Mais l'actrice principale est excellente, et la photo de ce film est juste sublime.