Pour commencer, j’ai l’habitude de dire dans mes critiques que je tombe amoureux des actrices. Jamais un film ne m’aura autant donné raison. Body double m’a fait ici succomber aux charmes de deux femmes à l’instar de Basic Instinct.
Mais reprenons. Body double est un film de la décennie doré de l’immense Brian de Palma. Toujours dans son inspiration Hitchcockienne, nous avons ici affaire à un mélange entre Fenêtre sur cour et Vertigo, assaisonné par l’un des thèmes de prédilection du réalisateur, le voyeurisme. Jamais une scène de filature n’aura duré aussi longtemps, elle détient le record de l’histoire du cinéma.
Contemplatif, Body double nous emporte dans une longue poursuite tantôt douce, tantôt très tendue, pour accélérer l’intrigue et le suspense qui deviendra insoutenable par moments. Les échecs du héros constituent le deuxième thème de prédilection de l’auteur, l’impuissance.
L’intrigue autour de ce comédien claustrophobe pris dans une histoire le dépassant nous tient en haleine jusqu’à la fin. Les rebondissements sont bien amenés et les révélations arrivent au compte-gouttes, maintenant le spectateur alerte jusqu’au bout.
L’atout de ce film, c’est son directeur de la photographie, Stephen H. Burum. De Palma a demandé à plusieurs chefs opérateur de sublimer le corps de la femme, et c’est Burum qui a été engagé. Rarement un film aura autant magnifié les courbes féminines. On se retrouve dans le même état que Jake, fasciné par la déesse qu’il observe.
Et par déesse, je ne mâche pas mes mots. Deborah Shelton qui joue le rôle de Gloria est une femme élancée, grande, élégante, au visage doux et apaisant. Ses yeux d’un vert d’émeraude et sa chevelure parfaite font d’elle la plus belle femme que je n’ai jamais vu au cinéma, voir vu tout court (et je pèse mes mots au gramme près). La deuxième actrice du film, Mélanie Griffith, dont le personnage est aussi voir plus important que Gloria, est aussi sublime avec sa crinière tout droit sortie des années 80.
De Palma aura tout au long de sa carrière magnifiquement filmé les femmes, faisant d’elles des perfections convoitées par les héros de ses films. Quant au héros, ici Jake, il peut exprimer tout son talent, le film laisse le temps au personnage d’exprimer toutes les émotions qu’il ressent face à l’objet de son désir. Le montage montre plus Jake que la femme qu’il observe, et nous partageons ainsi les mêmes émotions que lui, à savoir fascination et frustration.
La claustrophobie du personnage est génialement mise en scène, utilisant le fameux travelling compensé inventé par Hitchcock dans Vertigo.
Même si le film a quelques petits défauts comme certains éléments d’intrigue capillotractés, il n’en reste pas moins excellent. S’il ne sera jamais cité dans le top 5 des meilleurs films de Brian de Palma, je vous invite tout de même à voir ou revoir Body Double, un petit chef-d’œuvre du fils spirituel du maître du suspense.