Oui, pour moi c'est un Chef d'Oeuvre.
Luc BESSON manifeste pour ce film un parti prix : la "subversion" !!!
AMBITIEUX MAIS RÉUSSI !
Il "renverse la table" et les "valeurs" conformistes du politiquement correct ambiant ... tout bonnement ... avec naturel, CONVICTION et sans emphase, mais avec la violence, la sincérité, l'amour qui conviennent cependant : j'accroche ferme et j'adore !
C'est manifeste : IL OSE ... IL JOUE AVEC LES PARADOXES (le "NETTOYEUR" qui est un "gentilhomme" façon "Don QUICHOTTE", et l'Inspecteur qui est une sombre CRAPULE, façon "AL CAPONE") ... C'est inattendu et cela bouscule ... !
IL "PROVOQUE" une "bien-bien-bien-pensance paresseuse" dans laquelle la plupart des gens aiment se laisser glisser paresseusement comme dans un moelleux édredon !
Mais non, cela se veut âpre et haletant !
Bien sur que c'est Hollywoodien et quoi : c'est une fiction, nous le savons du début, Besson ne nous l'a pas caché !
Les critiques professionnels prennent "leurs" fantasmes fictionnels pour des réalités, eux, comme à leur HABITUDE, et mettent péremptoirement des préavis et des présupposés de forme et de fond aux créateurs dans des cadres obsolètes et surannés. Mais Besson est de son temps, et même en avance, ce qui fait son attrait !
Et visiblement, il ne veut pas se laisser enfermer dans des cadres où il étouffe !
Il met à la "renverse" les critiques et cet ennuyeux "POLITIQUEMENT CORRECT" dont on nous a gavés jusqu'à présent dans le cinéma franchouillard : c'est PARFAIT !
Il ne craint pas même un certain mauvais goût très réaliste : des couleurs, des dialogues crus et violents mais d'une esthétique irréprochable cependant ; il peaufine des personnages singuliers, attachants, captivants, subjuguants, infiniment hors normes, que l'on va sincèrement aimer !
Il ne cherche pas à choquer, ce n'est pas son but.
Des propos, simples, réalistes, parfois crus et effrontés, mais si raffinés pourtant, si élégants, si émouvants, si poignants : car ces dialogues sont de la dentelle de Bruges ... !
On aime à penser au cours du film que la réalité dépasse souvent la fiction et que de tels personnages bien réels ont peut-être inspiré Luc BESSON.
Ce n'est pas impossible car sa manière très réaliste de nous embarquer dans cette saga nous le fait supposer. Tout est déjanté avec délicatesse, tout est décalé avec cependant beaucoup d'humanité, d'humour, de réalisme, d'authenticité et de cruelle vraisemblance ... et surtout il a tellement d'amour vrai du début à la fin ! !.
Jean RENO est Andalous et Luc BESSON l'a bien choisi car il est naturellement doux, profondément mélancolique, triste même et taciturne comme le sont les Andalous en général. Il incarne parfaitement "LÉON" et lui donne une authenticité paradoxale incontestable (ne pas oublier cependant que sous ces apparences LÉON se double d'un tueur redoutablement aguerri).
La petite Natalie PORTMANN, aussi, est en plein dans son personnage, ce qui la rend si magistrale. C'est totalement "crédible" tant par le jeu des acteurs, que du fait des acteurs eux-mêmes qui sont fabuleux de justesse, de hauteur de ton et de jeu.
Il fallait "dominer" ce sujet scabreux de façon incontestable, car les personnages allaient donner du fil à retordre au récit, à l'auteur, aux comédiens, au spectateur : trois personnages si percutants, si singuliers, à l’extrême du véridique et du possible, dans un récit échevelé, que l'auteur devait maîtriser totalement car il ne pouvait, à aucun moment, laisser basculer ce récit dans l'à peu près, l'aléatoire.
Besson serre son sujet jusqu’au bout et le mène au bord de la rupture, mais il maîtrise bien tout ... jusqu'à la fin. C'est cohérent, fort et si émouvant !
Trois personnages funambulesques qui nous embarquent à leur suite et nous chavirent avec une violence INOUÏE MAIS TERRIBLEMENT VRAISEMBLABLE !
On n'en ressort pas indemne !
C'est du GRAND ART ... DE LA POÉSIE PURE ... ON EN REDEMANDE !
Mille MERCIS à Luc BESSON !
Michèle THIAM FONT "LA SAUZONNAISE"