Aisément qualifiable de Spin-Off au succès Nikita, Léon, signé de même Luc Besson, dépasse son modèle pour devenir une référence absolue du succès français à l’international. Du fait, le film est le sommet dans les carrières de Besson et Jean Reno mais marque également les débuts d’une immense actrice d’aujourd’hui, Nathalie Portman, sans oublier la prestation tonitruante de l’immense Gary Oldman. Oui, que de références contenues en un seul film, véritable tour de force marqué par le cinéma américain des années 90. Luc Besson signe là son film le plus emblématique, sans garnitures superficielles, sans mélodrame, mais avec rigueur, talent et inventivité. Certes, l’originalité première du film n’est pas dans son récit, mais bel et bien dans le caractère étrange de l’ensemble des personnages, tous barrés, aux looks peu communs, au parler étonnant dans un New-York tentaculaire que Besson ne fait qu’effleurer.
Film symbolique d’une époque cinématographique simple d’accès mais aussi très créative, nettement plus qu’aujourd’hui, Léon, n’est pas un simple polar, il est aussi une comédie, un drame familiale, un film d’aventure. Dans un monde urbain ou la police n’est pas ce qu’elle devrait être, l’enfant esseulé se tourne vers le mal pour l’aider à s’en sortir. Les tendances inverses sont ici le crédo de Besson qui fait de Jean Reno, tueur à gages émérite, un père de substitution pour le jeune Mathilda, orpheline de son état et pourchassée par des ripoux de la brigade des stups car témoin dans l’assassinat de sa famille. Constat difficile qui ne tire pourtant ni les larmes ni ne verse dans le pathos. L’on se réjouit simplement de l’implication de Léon dans cette histoire dégeulasse dans l’attente d’un final que l’on devine attristant.
A l’époque, certain auront pleurés, d’autres auront ris, mais personne ne sera resté indifférent. S’il n’est pas le chouchou de la critique nationale, Luc Besson aura démontré qu’il est le cinéaste français le mieux lotis dans le cœur des cinéphiles francophones. Il l’était du moins à l’époque, sa grande époque. S’il peine aujourd’hui à sortir du lot, le réalisateur français n’est pourtant pas le plus improductif d’entre tous, alors qu’il offre maintenant son nom, sous l’égide EuropaCorp à de nombreuses productions qui ne se valent pas toutes.
Alors que sortira bientôt sur nos écrans Malavité, Léon est une belle opportunité de se remémorer avec plaisir le travail de Besson, alors que l’on pourrait cité aussi Nikita ou le Grand Bleu. J’invite donc aisément tout de le monde à redécouvrir ce classique, indémodable, violent, drôle et émouvant, malgré tous ses défauts, sa simplicité propre au années 80 et 90. Un film au tempérament musclé qui traverse les époques et ne meure pas dans les cœur de ses fans. Bravo Besson, Reno, Portman et Oldman. 18/20