C'est étrange parce que mon avis diverge pas mal de ceux qui aiment également Mort à Venise. Pour moi, et c'est pour ça que je n'ai pas mis 5 étoiles, le film, sur un plan purement formelle, a vieilli. Tout ces panoramiques zoomés et dézoomés ont vieilli. Qui aujourd'hui essaye de reproduire ce genre de plan ? Car c'est bien à cela que l'on reconnait un film visuellement visionnaire. Au nombre de cinéaste qui ont tenté de reproduire. En ce sens, Visconti est pour moi à des années lumière de Kubrick, Malick (style unique et tant de fois imité), ou encore Resnais (qui vient de nous quitter au moment où j'écris cette critique. RIP Mr
Resnais) et les déchirants travelling qu'il nous offre dans Nuit et Brouillard ou Hiroshima mon amour…Sur cet aspect la des choses donc, Mort à Venise a pu me gêner. Mais Visconti était un metteur en scène de théâtre et d'opéra, et, il fait son film de cet façon. Le défi était pourtant immense. Raconter l'histoire d'un homme, parfaitement hétéro (et Visconti prend bien soin de nous le montrer), qui au crépuscule de sa vie, va être frappé, submergé, par la beauté d'un jeune homme, et cela dans la plus belle ville du monde, qui va être elle même petit à petit rongé par la maladie. Il faut également se rappeler, chose importante, que le film sort en 1971. Alors comment faire pour que les spectateurs, majoritairement hétéro, puisse comprendre et être frappé par cette beauté ? En prenant pour incarner cette beauté, un acteur dont on a d'abord du mal, la première fois qu'on le voit, à savoir si c'est un garçon ou une fille. En prenant un acteur, qui pourrait faire penser à Jesus enfant ? Et cette seconde supposition, vu la façon dont Visconti représente son personnage, n'est pas si perché…Ou alors, en mettant son film en musique avec Mahler et sa symphonie n°5 ? Visconti réussit avec la dernière scène, à représenter la Beauté, avec ce plan immense, où, alors que le soleil éblouie la caméra, le garçon lève le bras vers le ciel, un appareil photo dans le coin du cadre. Si ça, ce n'est pas l'un des plus beau plan de l'histoire du cinéma, que l'on me prouve le contraire.