Excellent film, excellente interprétation. Histoire révoltante. La principale réussite de cette quête de vengeance et de suicide, suicide également moral, tient dans ce cheminement sobre à accomplir l'inhumain, qui mène à l'inexorable: le personnage principal se met hors de tout, comme son frère handicapé l'est par nature. Façon déjà, de le rejoindre. Sans effet superflu ou racoleur, parfois on ne voit d'ailleurs rien, notre personnage est habité par sa quête, son passé, et évolue dans un décor fantôme, épuré, âpre, solitaire, aussi vide et unidirectionnel que l'inéluctable ou la fatalité... quand on y croit. Ainsi, véritable film d'auteur, Dead Man Shoes évite tous les écueils possibles qui auraient rendus l'œuvre pourrie de l'intérieur en livrant un enième mélange commercial singeant la pseudo-réflexion métaphysique... Mon seul regret aura été un déficit de psychologie, ce qui me tient qu'à moi, et ceci serait allé contre le crecendo émotionnel (au bon sens du terme) ou la montée dramatique. Par ailleurs, cela aurait été illogique pour le personnage principal, en revanche salvateur pour les loubards... En l'état, le film surgit comme implacable, éludant la question du pardon, sinon en toute fin, ce qui n'est nullement reprochable. Implacable et réaliste donc.