Souvent oublié lorsqu’on cite les grands classiques Disney, "Les Aristochats" est, pourtant, une formidable réussite qui, bien des années après sa sortie, n’a rien perdu de son extraordinaire charme. Certes, on peut lui faire pas mal de reproches, dont certains sont mêmes justifiés. Difficile, ainsi, de ne pas voir que l’animation, qui a pourtant fait le succès mondial du studio aux grandes oreilles, laisse franchement à désirer ici, avec de multiples erreurs (apparition d’éléments absent du plan précédent, faux raccords…), des plans repris d’autres dessins animés et, pire encore, des plans réutilisés à plusieurs reprises, sans grande volonté de se cacher (voire notamment, Toulouse qui imite le chat de gouttière suivi d’un sourire !). On est en droit d’attendre plus de la part du géant du dessin animé. Les autres reproches fait aux "Aristochats" m’ont, par contre, toujours paru très injustes, que ce soit les critiques face au méchant Edgar, considéré comme trop peu détestable (alors que je trouve, au contraire le personnage étonnement pathétique dans ses motivations et formidablement poissard dans l’exécution de son plan, ce qui en fait un méchant assez peu vu chez Disney) ou aux ressorts dramatiques manquant de vigueur (alors que l’intérêt du film est ailleurs, à commencer par les nombreuses rencontres que vont faire les fameux aristochats). Pour ma part, j’ai été totalement séduit par l’énergie du film qui peut se targuer de bénéficier d’une fantastique BO ("Les aristocats" de Maurice Chevalier, "Tout le monde veut devenir un cat", "Gammes et arpèges", "Thomas O’Malley"…) et d’une toute aussi fantastique galerie de personnages plus attachants les uns que les autres. Sans surprise, Duchesse et ses trois chatons (Marie, Berlioz et Toulouse) sont, bien évidemment, mignons tout plein et sont suffisamment caractérisés pour qu’on se prend immédiatement d’affection pour eux. Le chat de gouttière O’Malley reste mon préféré avec son charisme tranquille et sa gouaille. Plus surprenant, le film multiplie les seconds rôles dont les apparitions se limitent, parfois, à quelques scènes mais qui parviennent, tous sans exception, à marquer les esprits, des deux oies anglaises à cheval sur les convenances à leur "mariné" oncle Waldo, en passant au duo de chien de garde Napoléon et La Fayette, à la souris Roquefort, au vieux notaire peu conscient de son grand âge ou encore à la bande de chats de gouttière mélomanes. Les personnages sont, donc, formidables… et doivent beaucoup à la quelité du doublage, qui cumulent les grands noms du genre (Claude Bertrand, Roger Carel, Jacques Dynam, Denise Grey, Jean-Henri Chambois…) et rappelle que la réussite d’un dessin animé dépend souvent du talent de ses doubleurs. Une fois encore, ce sont bien les personnages qui font tout l’intérêt des "Aristochats"… et peu importe si l’intrigue peut paraître trop simple. On se laisse, donc, prendre par le charme et l’énergie de ce dessin animé qui, certes a plutôt vieilli aujourd’hui (les carences de l’animation n’ayant pas vraiment aidé le film à supporter les affres des années…) mais qui tient la dragée haute à bon nombre des productions récentes. A redécouvrir, donc !