Superbe! Le scénario s’inspire du modèle hitchcockien et réussit très subtilement à mêler thriller et drame intimiste. Les personnages innocents prennent la fuite, après le massacre de la famille, et ont désormais la mort aux trousses. S’ensuit une cavale dans les dédales de la ville tumultueuse, répandue d’individus corrompus, solitaires et marginalisés. La fugue mélancolique rend Gloria et Phil, l’enfant, à bout de souffle, ce qui accroit le réalisme du récit qui tend à rapprocher les thématiques chères à Cassavetes, malgré une difficulté évidente, laquelle s’explique par les caractéristiques de la fugue mouvementée, finalement très loin de ses préférences, car non propice au développement psychologiques des personnages, qui ne connaissent plus le répit et sont en danger permanent. Cette difficulté n’empêche toutefois pas de développer la psychologie des personnages. Gloria est un personnage digne d’intérêt, une femme contre toute la mafia new-yorkaise. Il s’agit, au final, d’un personnage ordinaire, en danger de mort. Cassavetes s’éloigne donc ainsi du personnage extraordinaire, symbole d’Hollywood. Ici, les personnages ont du vécu, peuvent être blessés, mourir, même si Gloria conserve quelques traits du mythe hollywoodien puisqu’elle est se bat seule contre tous. Solitaire, marginale, elle forme un couple inhabituel et assez original, voire même troublant avec Phil, ce qui constitue l’intérêt principal du film. Gena Rowlands, muse et compagne du cinéaste, interprète de manière extraordinaire cette femme sévère au passé criminel, qui est à la fois fragile et forte, cynique et plutôt attentionnée, classe mais déjantée, solitaire et familière et enfin, à la fois marginale mais loyale. Gloria présente donc une multiplicité de paradoxes, ce qui la rend si complexe et intéressante à étudier et interpréter aussi. Suite de l'analyse en lien!