Deux femmes pour un seul homme, c'est une de trop. L'intrusion de Paul dans leur existence d'amantes modifie la relation amoureuse (et audacieuse) entre Frédérique et Why, la jeune fille que Frédérique, belle bourgeoise, vient de "s'offrir".
Dans cette intrigue stylisée, plutôt laconique et figée, la rivalité entre les deux femmes introduit un suspens au terme duquel il est probable qu'un (ou plus) des trois personnages devra s'effacer d'une façon ou d'une autre. Au-delà de l'apparente gravité du sujet (tout au moins concernant son dénouement, qu'on est en droit d'envisager dramatique), on découvre des personnages originaux, volontiers provocants ou amoraux, quand ils ne sont pas franchement loufoques (ces deux trublions intellos - le duo récurrent Zardi et Attal- qu'on dirait sortis d'un film de Mocky). Cette minimaliste intrigue sentimentale, sans éclat (de voix), se développe dans une atmosphère feutrée et sensuelle, de laquelle Chabrol extrait, l'air de rien et sans qu'on puisse toutefois parler d'étude de moeurs, l'insignifiance bourgeoise. Chabrol s'inspire d'une idée littéraire classique, telle que dans "Les liaisons dangereuses", où deux amants expérimentés se jouent, moins sournois qu'inconséquents, d'une innocente jeune fille.
"Les biches" restent néanmoins, dans la filmographie de Chabrol, une étape mineure et superficielle.