Mort à l’arrivée est un film typique de Rudolph Maté. C’est-à-dire une bonne série B, honorable mais pas non plus très marquante.
Le souci de ce film c’est clairement sa narration. Si l’idée de base est excellente, et si elle permet d’instaurer un suspens original, pour autant je rejoins certains avis qui perçoivent dans ce film un côté brouillon et peu clair. Si la première partie est plutôt bien écrite, la deuxième partie tend à se perdre un peu, et Maté ne fait pas preuve d’un grand sens du récit. C’est trop décousu, les enjeux ne sont pas tous très bien exposés, et la chute est assez abrupte. Malgré un bon rythme, passé l’annonce du mal inéluctable qui ronge le héros, la tension peine assez à s’installer, et je crois qu’il y avait un peu mieux à faire que ce que l’on a dans ce métrage.
Le casting est convaincant. Edmond O’Brien joue très juste, et cela dans un rôle réellement pas facile. Il est très bien entouré. Pamela Britton est un peu sous-utilisée mais ses interventions sont pertinentes, et les seconds rôles comme William Ching ou Luther Adler (surtout ce dernier) tiennent la route. Néanmoins, la meilleure surprise viendra de Neville Brand. Ce dernier, spécialiste des rôles inquiétants, convainc encore ici, avec une apparition faible, mais pour le passage le plus mémorable de la seconde partie du film. Sa confrontation avec O’Brien tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, c’est vrai, et ce morceau parait presque hors de propos d’ailleurs tant il est déconnecté du reste, mais c’est tout de même une petite pépite, et donc elle n’est pas si critiquable que cela.
Formellement on tient un métrage solide, porté par un Maté qui est un bon artisan. La scène d’ouverture témoigne d’un réel effort de mise en scène. Le film est esthétique, avec un noir et blanc élégant et quelques beaux extérieurs, un peu rares peut-être. La séquence avec Brand est de ceux-là, et on est baigné dans la nuit et les éclairages électriques, une très belle scène. Elégant, c’est un film noir classique mais bien fait, qui par son ambiance devrait plaire aux amateurs sans difficulté. La musique est assez quelconque, manquant d’un thème notable.
Honnêtement, même si la seconde partie de ce métrage est brouillonne, Maté ne faisant vraiment pas preuve d’un grand sens du récit, Mort à l’arrivée a des atouts, entre sa forme raffinée et son fond porté par l’excellente idée de base. 3