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Parkko
160 abonnés
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1,5
Publiée le 1 mars 2011
Terriblement déçu. Je suis resté vraiment en dehors du début jusqu'à la fin. Citons quelques points positifs avant tout de même : le noir est blanc est assez esthétique avec notamment une utilisation de la lumière intéressante. Pour le reste, je n'ai vraiment pas du tout aimé le côté très (trop) théâtralisé de l'œuvre. Déjà, au niveau de la narration on dirait presque une pièce de théâtre avec une unité de lieu à chaque acte. Dans la mise en scène, encore, on retrouve ce côté assez théâtral (j'ai rien contre le théâtre, mais ce n'est pas pareil que du cinéma, et pour le coup ça donne un côté rigide assez déplaisant). Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi les dialogues qui sonnent terriblement faux (il faut dire que les comédiens n'aident pas). C'est le genre de truc qui sent terriblement la feuille de script et qui contribue à donner à Gertrud le caractère d'une œuvre terriblement austère et finalement pas très intéressante.
j'ai du mal à comprendre l'engouement pour les films de Dreyer parmi les critiques et de la part de Godard: moi je trouve cela froid, plein de religion, pompeux, lent,... dommage car ça devrait être le genre de film que je devrai aimer
Film testament d'une longueur interminable, non dépourvu de qualités scénographiques - certains inconditionnels parlent même de l'aboutissement technique de l'Oeuvre de Dreyer - Gertrud ne parvient pourtant jamais à dépasser la banalité de son propos. Terminé le temps où Carl Theodor Dreyer prêchait la bonne Parole : ici la religion se fait discrète, cédant la place aux préoccupations sentimentales d'une femme à convictions... Le résultat manque parfois d'intérêt, plombé par une mise en scène toujours aussi précise mais immanquablement théâtrale. Effectivement la structure est brillante, jouant sur différents niveaux ( ici les personnages masculins, maigrement développés et donc quasiment stéréotypés ) et l'interprétation force l'admiration... On regrette simplement la platitude de l'intrigue, paradoxalement rehaussée par l'unité narrative. Il est évident que le film est plus que respectable - d'ailleurs, qui suis-je pour critiquer Dreyer ? - mais aussi sévèrement pompeux... Une déception pour un cinéaste que j'admire considérablement.
Le passé c’est dépassé, le présent est déplaisant, le futur n’a pas d’avenir.
Le présent c’est le mariage de Gertrud, mariage fondé sur le mensonge d’un amour qu’on ne sait si il a existé. Le futur c’est la promesse d’un véritable amour, d’une nouvelle jeunesse pour Gertrud. Le passé c’est l’époque ou l’amour pouvait exister encore.
Ces trois temps sont incarnés par trois personnages qui gravitent autour de Gertrud sans jamais la toucher, l’atteindre. Elle est intouchable en fait, insaisissable ou alors elle ne l’est plus. Ils ne parlent pas le même langage, ne regardent pas dans la même direction. Les hommes et les femmes ne sont pas fait pour se comprendre.
De leur aveuglement pour leur travail ils sont passé à côté de l’essentiel, la seule chose qui importe c’est Gertrud, mais c’est trop tard et ils ne pourront plus jamais l’atteindre. Ils sont perdus, ils n’ont plus qu’à mourir.
Car Gertrud n’a plus d’autre choix que de fuir, car il n’y a rien d’autre à faire.
L’œuvre du réalisateur de génie Carl Theodor Dreyer, se clôt avec «Gertrud» (Danemark, 1964). Epargnons-nous de considérer ce film ultime comme une sempiternelle apothéose de son auteur puisque «Gertrud» peut aussi bien se présenter comme le nouveau départ pris par un cinéaste curieux d’expérience inédite. Le personnage de Gertrud, autour duquel s’articule l’intrigue, fait partie des caractères les plus fascinants du cinéma. Grande bourgeoise, épouse d’un prochain Ministre, Gertrud fait la convoitise de quatre hommes. Continuellement exposée dans une lumière blanche qui la transforme en angelot, Gertrud répète ne vivre que pour aimer. Casuiste par nature, elle ne se repentit jamais et martèle à ses prétendents qu’elle n’a de cœur et d’âme que pour la joie de l’amour. Figure abstraite et pure des sentiments, Gertrud apparaît souvent comme la conscience des hommes qui la désire. Elle dénonce l’égoïsme de son époux, le libertinage de son amant, la faute passée de son amour déchu puis la légèreté de son ami éternel. Dreyer voue à cette martyre une affection profonde et passionnée. Car la passion et bien ce qui s’exprime avec une virulence contenue dans ce grand film. «Gertrud» adapte au cinéma une pièce de théâtre. Les longs plans-séquences dont usent la mise en scène ne sont pas tant un moyen de préserver la médium originel de la pièce qu’une façon de ne pas rompre l’instant des échanges. Succession de dialogues, laissant apparaître le découpage en scènes et actes de la pièce de théâtre, le dernier film de Dreyer réduit les effets de réalisation à leur plus simple appareil. Le montage intervient très rarement et les mouvements de caméra sont employés avec parcimonie. L’acteur, sa place dans l’espace, sa position dans la lumière sont les moyens avec lesquels Dreyer figure la détresse d’une femme. Et cette détresse est celle du cinéaste dont l’œuvre s’est exécuté à rester sans compromis. Comme Dreyer, Gertrud se meurt avec les idéaux brisées d’une époque défunte
Malgré une belle mise en scène presque entièrement en plan séquence, des cadrages millimétrés et une superbe lumière, l'aspect solennelle des comédiens, leurs postures outrancièrement théâtrales, laissent le spectateur de marbre. Comment, en effet, dans un film composé uniquement de scènes de dialogues sur le couple et l'amour, peut-on diriger des comédiens sans que presque jamais ils ne se regardent, ne se touchent, ou ne laissent paraître dans leur traits une réelle émotion ? Qu'en plus ces dialogues sont débités sur un ton monocorde et lent pendant près de deux heures... On atteint l'ennui pur, et d'ailleurs plusieurs spectateurs sont partis pendant la projection, dans ce petit cinéma d'art et d'essai du quartier latin pourtant fréquenté par des cinéphiles... Un film qui a mal vieilli, qui se répète dans ses grandes tirades sur l'amour sans que l'on en retire une quelques évolution philosophique au final... J'ai eu l'impression de voir le mauvais pendant d'un très grand film utilisant les mêmes données dramatiques (à savoir un huit clôt de personnages en souffrances où s'enchaîne les scènes dialoguées sur des thèmes dramatiques): Sonate d'automne de Bergman; mais Bergman a su, lui, nous subjuguer par une des plus formidable performance d'acteurs de l'histoire du cinéma, alors que Dreyer, nous assommes par la platitude du ton des discours, comme un mauvais panflet de la nouvelle vague version danoise... Préférez plutôt le début de la carrière de ce grand réalisateur, ou si vous êtes courageux, allez affronter de face l'ennui... vous serez au moins dédommagé d'une belle esthétique. Mais pour faire court, ce film est tout de même CHIANTISSIME.
Ultime film de Dreyer, Gertrud raconte l'histoire de cette femme qui n'a toujours cherché que l'Amour qui unit dans la sérénité deux êtres, au-delà de tout le reste. Sur sa stèle sera gravé "L'amour est tout". Néanmoins, si elle "a aimé", la non-réciprocité, ou pour être plus précis la non-symétrie de son amour, l'a conduite à une solitude volontaire. Car Gertrud constate que l'amour idéalisé qu'elle recherche devient impossible au-delà d'un certain âge. Elle n'abandonnera toutefois jamais son utopie de l'amour, semblant incarner cette phrase de Tarkovsky " Celui qui trahit une seule fois ses principes perd la pureté de sa relation avec la vie. Tricher avec soi-même, c'est renoncer à sa vie." Le film est dans la continuité d'Ordet, une épure totale ou le moindre détail a valeur de métaphore, et les dialogues, qui pourraient être une succession de merveilleuses citations tellement ils sont intelligents, subtils et formulés comme de la poésie, expriment toute la profondeur des êtres qui les prononcent. Le film est bouleversant (même si Ordet m'a plus marqué encore), et alors qu'au début on est forcément impressionné par une mise en scène qui ferait passer Bresson pour un clipper à la mode, on finit assez vite par être totalement absorbé par ces personnages qui questionnent les fondamentaux de l'existence, attentif à chaque mouvement de caméra, direction des regards, luminosité et cadre... et les deux heures passent comme un éclair alors qu'avec du recul le scénario est d'une austérité rare. Il est évident qu'il faut revoir ce film qui a tant à donner au spectateur... Et puis qui d'autre arrive à unir sérénité et douceur avec cruauté des sentiments et des paroles et désespoir de la fatalité? "Au printemps, cueille une anémone de mon jardin et considère la comme un mot d'amour pensé mais jamais prononcé..." Sublime.
J'ai vu ce film il y a de nombreuses années. A l'époque, je considérais qu'il s'agissait d'un chef d'oeuvre, salué d'ailleurs par Jean-Luc Godard, lequel comparait la beauté de cette ultime oeuvre du réalisateur danois avec celle des dernières compositions de Beethoven.
Que faire face à un tel chef-d'oeuvre? Sinon écrire une nouvelle fois le panégyrique de celui qui se range parmi les quatre ou cinq plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma mondial. «Gertrud» (1964) représente en effet le point d'aboutissement d'une quête cinématographique dont la rigueur est à nulle autre pareille. Dreyer y accède au comble de l'ascèse et du dépouillement pour y révéler l'âme humaine dans toute sa nudité. Le minimalisme de la mise en scène est époustouflant et a d'ailleurs souvent été comparé à celui d'Antonioni. Mais la comparaison tourne vite court car point de place ici pour le vide, le désenchantement et le cynisme. L'espace laissé vacant est en effet aussitôt comblé par la profondeur des regards et par l'incandescence des paroles. Le cinéaste danois nous livre ici une ode à l'amour. Et, sI son héroïne se refuse à concrétiser ce dernier, ce n'est qu'en raison de l'idée, toute de pureté et d'absoluité, qu'elle s'en fait, même si l'on peut percevoir en outre quelque orgueil platonisant et quelque angélisme désincarné dans son refus d'en assumer les contingences. Si elle éconduit ses trois amants, c'est en raison de l'impureté manifeste de leur amour, mais sans doute aussi suite à son incapacité propre d'accepter l'imperfection de sa condition. On le voit, avec «Gertrud», le cinéma se met à nouveau au chevet de ces profondeurs de l'âme dont la révélation compte parmi les vocations les plus hautes mais aussi les plus oubliées du septième art. La redécouverte de l'oeuvre du grand danois n'en est rendue que plus impérative et plus urgente!