Cris et chuchotements s’ouvre sur un parc, quelque part en Suède, autour du manoir familial, éclairé par le jour naissant qui filtre à travers de grands arbres. Dès lors s’imposent des images magnifiques, celles d’un chef d’œuvre puissant.
Profitez bien, d’ailleurs, de ces images champêtres et ouvertes : car dès la deuxième minute, c’est le début d’un huis clos étouffant, au sein du manoir, l’exploration douloureuse d’âmes en peine, et ce jusqu’à la libération finale. La vie, fait de quête de sens sans cesse veine, semble être une longue douleur pour Bergman. Il se décide à visiter les tréfonds de notre pensée, et particulièrement quand elle est tourmentée, par le biais de quatre magnifiques portraits de femmes – les hommes, dans ce film, se limitant à une présence accessoire.
Si l’ombre de la mort couvre le film dans sa grande majorité, ainsi que l’effrayante idée de bilan qui en découle, c’est aussi l’impossible connaissance des autres qui est dépeinte.Secondairement, contrastes sociaux, condition féminine et sexualité sont évoquées, parmi tant d’autres portes ouvertes, évocations et sensations qui parsèment ce film dense, troublant et envoûtant. Bergman y capte magnifiquement les visages de femmes, notamment ceux de Liv Ullmann et Ingrid Thulin, ainsi que l’écoulement du temps, pesant terriblement sur le film et lui donnant sa force si particulière.
La photographie, sublime, avec ce rouge si mémorable, complète le tout pour en faire un pur chef d’œuvre, pétri d’images inoubliables.