Control…She’s lost control, griffonne un soir Ian Curtis, dans sa maison de Macclesfield. Parle-t-il de sa femme Deborah ? De sa maîtresse Annick ? Ou en définitive de lui-même ?
C’est guidé par ces questions que le réalisateur de Control s’est penché sur les quatre dernières années de vie de Ian Curtis, chanteur charismatique du groupe Joy Division.
Un homme, deux femmes - c’est une histoire banale en somme que celle que nous raconte Anton Corbijn, célèbre photographe de la scène rock et réalisateur du film Control ; une histoire qui lui permet cependant de s’affranchir des codes du rock biopic classique.
Fan de la première heure – il aura quitté son Hollande natale pour se rapprocher du groupe – Anton Corbijn aurait pu se contenter de raconter l’ascension de Warsaw, le groupe rebaptisé par Ian Curtis lui-même Joy Division, en focalisant son attention sur la partie musicale de la vie de celui-ci. Il en aurait peut-être été ainsi si Ian, parolier et chanteur habité de Joy Division ne s’était donné la mort, trois ans après la naissance du groupe et la veille d’un départ pour une tournée aux Etats-Unis. Cette fin tragique lui aura imposé un autre film, centré sur Ian, son talent, ses troubles, son énigme aussi.
Par la grâce de Sam Riley, Ian Curtis est là : beau brun ténébreux à l’allure androgyne - moue féminine, regard noirci au khôl, torse nu sous le blouson de fourrure-, adolescent qui écrit, lis Wordsworth, et écoute –fasciné- le Bowie du Ziggy Stardust et Iggy Pop. Un adolescent qui épouse trop tôt Deborah, son premier amour, voit sa carrière s’envoler en quelques mois, mais aussi son corps l’abandonner – en proie à la maladie -. Les concerts pourtant se multiplient. Sur scène, l’énergie sauvage et magnétique du chanteur, sa voix grave, sa sarabande hypnotique aux saccades d’épileptique bousculent et subjuguent. Un autre amour naît de cet embrasement des concerts mais le sens, le sens de la trajectoire s’est effacé. Ian Curtis perd le contrôle.
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