je suis tellement intime avec joy division qu'il met difficile de parler de ce film. je l'adore et je ne l'aime pas en même temps.
je ne l'aime pas car il m'enlève un fantasme de film en devenant réel.
ce qu'il faut savoir c'est que Corbijn réalise un film sur Ian Curtis et non sur son groupe.
C'est adapté du bouquin de Deborah Curtis, sa femme, et c'est coproduit par elle, donc c'est son point de vue, et l'histoire du couple plus que l'histoire du groupe.
je souffre cruellement de l'absence de plusieurs trucs :
- les 3 autres membres sont réduits à l'état de figurants, et quand on connait le rôle primordial de Barney et de Peter Hook (putain, la basse, merde, c'est tout le son de Joy), ça fout les boules.
- Martin Hannett, le producteur de Joy Division, est totalement absent, on l'aperçoit un instant c'est tout... Alors qu'il EST Joy Division autant que les autres, il est responsable du son, de l'identité sonore
- Peter Saville, responsable du graphisme de Factory et des pochettes si particulières du groupe n'est même pas cité...
- la scène montante de Factory est aussi écartée...
- Wilson aurait pu avoir encore plus d'importance...
- On ignore totalement l'enregistrement du second album, "Closer" qui même s'il est sorti après le suicide de Curtis, est capital dans sa courte biographie.
bon, je pourrai continuer des lustres, vous l'avez compris... c'est ma grande déception de fan...
Mais Corbijn, photographe qui travaillait avec Joy Division dès 77 n'a pas fait un film de fan.
Une fois que j'arrive à me dire ça, j'arrive à regarder le film.
Il est centré sur une personnalité, sur une ambiance de banlieue anglaise 70's, sur une histoire de couple, sur une profonde dépression, sur un mec qui traverse une vie en acceléré (marié à 18 ans, star du rock en même temps, père à 19, malade, épileptique, depressif et suicidé à 23) sans jamais vraiment l'habiter.
Et ça Corbijn le filme très bien, dans son très beau noir et blanc contrasté que nous connaissions