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tuco-ramirez
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3,5
Publiée le 1 janvier 2016
Adaptation du roman éponyme d’Alberto Moravia publié en 1951, Le Conformiste développe un enjeu qui a sérieusement de quoi inquiéter sur le papier : expliquer, voire justifier, les ressors psychologiques qui ont conduit un jeune homme à devenir un fidèle serviteur du régime fasciste de Mussolini. En effet, tout dans la vie de Marcello Clerici (interprété de manière glaçante par Jean-Louis Trintignant) trouverait sa racine dans de multiples traumatismes d’enfance qui ont fait naître en lui un profond sentiment de culpabilité et d’anormalité : l’humiliation publique par un groupe d’enfants sous le regard passif de leurs parents, le viol par un jeune chauffeur de maître au physique androgyne, le meurtre de ce dernier dans une tentative désespérée de lui échapper, etc. En résulte un comportement d’une froideur implacable : devenu adulte, Marcello n’éprouve d’empathie pour personne et cultive sa médiocrité dans l’objectif de ne jamais se distinguer de la masse. Pour cela, il épouse une jeune et jolie écervelée, incapable d’exercer le moindre jugement ou de poser des questions sur ses engagements politiques. En dépit de ce programme extrêmement chargé, la réussite du Conformiste tient du fait que Bertolucci fait de son personnage un monstre énigmatique aux contours indéfinissables. Plutôt que de s’en tenir à un discours clair et explicatif sur les raisons de son adhésion au fascisme, le scénario fait la démonstration d’un Marcello qui ne semble jamais s’appartenir à lui-même, devenu par la force des choses le pur produit de son époque (sans pour autant que le réalisateur n’excuse ou ne minore ses engagements). Dans les scènes qui attestent de son ascension au sein du parti, l’homme donne le sentiment de vouloir se fondre dans le décor, s’assimiler à la norme dominante et en aucun cas à en tirer la moindre reconnaissance publique. Plutôt que de s’en tenir à une reconstitution appliquée des années 1930 et 1940 (loin de l’esthétique « livre d’histoire » qui cherche plus à meubler le cadre qu’à soutenir un propos), la mise en scène exploite pleinement l’architecture fasciste, partie intégrante du régime de Mussolini. Toutes en lignes horizontales et verticales ou en angles droits, les pièces des bâtiments officiels où est reçu Marcello attestent de l’implacable dureté et froideur d’un régime où l’affect et le sentiment n’ont plus leur place. Constant dans son parti-pris, le récit du Conformiste colle au plus près de son personnage et entrevoit les rebondissements de l’Histoire par le prisme de son regard. On pourra bien entendu faire la fine bouche lorsqu’à la suite de la chute de Mussolini, Marcello comprend qu’une des choses dont il se rendait coupable depuis son enfance était erronée : par là, on a le sentiment que l’adhésion de notre anti-héros au régime fasciste pourrait relever d’un triste malentendu trahissant la totale méconnaissance que l’homme avait de lui-même. Il serait cependant dommage de réduire toute la portée du film à cette résolution un brin facile qui ne nettoie pas pour autant le personnage de sa lourde ambigüité. On peut faire le parallèle avec « Le ruban blanc » d’Haneke qui explique aussi la montée du nazisme comme une maladie de la petite bourgeoisie… il y adjoint simplement la religion. Si ce n’est que là où certains voient beaucoup d’ambiguïté, j’y vois aussi une complaisance honnête mais dangereuse pour un personnage qui est en fait un vrai salaud… et surtout pour la montée d’idéologies portés aussi par une majorité de gens avec des convictions.
Un homme perturbé mais à l'apparence tout à fait normale, cherche à rythmer sa vie, en devenant fasciste. Mis à part ça, et le dernier plan que je trouve génial, je n'ai pas retenu grand chose d'autre du chef d'œuvre supposé de Bertolucci...
Le Conformiste est un des films de Bernardo Bertolucci les plus célébrés par la critique. Cependant, cette œuvre n'est pas toujours passionnante. En effet, une grande partie du film se regarde sans que l'on s'intéresse véritablement aux destinées des personnages malgré une description très crédible de l’Italie fasciste. Toutefois, l'intérêt remonte quand l'intrigue autour du couple Quadri commence et que Marcello fait face à un dilemme personnel.. Ainsi, Le Conformiste possède de nombreuses qualités (notamment son interprétation) mais est loin d'être aussi intéressante que d'autres œuvres de Bertolucci telles que Le Dernier Empereur et surtout 1900.
Traumatisé dans son enfance par le meurtre d'un homme qu'il croit avoir commis, Marcello est en quête de rédemption. Puisque nous sommes dans l'Italie des années 30, il la trouve dans le fascisme. Marcello voulant à tout prix une vie normale, il épouse une petite bourgeoise et travaille pour le régime fasciste qui le charge d'assassiner son ancien professeur de philosophie habitant à Paris et fermement anti-fasciste. Bien évidemment, à travers "Le Conformiste", Bernardo Bertolucci (adaptant un roman d'Alberto Moravia) fait le portrait critique et sans concessions d'un régime forçant les hommes à se plier à ses règles sous peine d'être exécuté. Brillant, le fond du film l'est et pour mieux toucher à son sujet, Bertolucci use d'une mise en scène de qualité aux teintes bleutées. Les cadres sont très travaillés, les décors souvent vides et froids et dans le rôle principal, Jean-Louis Trintignant dégage lui aussi une froideur certaine allant de pair avec le film. Incarnant un personnage troublé se fondant dans le fascisme pour les mauvaises raisons, Trintignant offre une prestation au charisme impeccable, se retrouvant face à deux personnages féminins très sensuels. Bien que pas toujours très clair dans la psychologie de son personnage, "Le Conformiste" fait tout de même l'effet d'une claque à tous points de vue et démontre l'intelligence de son metteur en scène, signant là son premier grand film.
Un grand classique des années 70 . Portrait de cet italien moyen, banal, sans talent, sans conviction qui, par ambition ,va s ’identifier, puis servir le régime fasciste. Le film décortique bien le processus qui peut amener des êtres normaux à suivre les régimes dictatoriaux.( ce serait le même principe pour les français et la collaboration ). Le film est très réussi esthétiquement, de beaux plans, cadrés au millimètre, des décors art déco, dans des villas style « le Corbusier ». Les scènes à Paris sont très justes. Trintignant y vient pour commettre un meurtre sur ordre du Duce. Les antifascistes le savent mais font semblant de l’intégrer. Le personnage de Trintignant est un faux naïf, il aime ce milieu intellectuel, mais veut remplir sa mission. Il est fasciné par Dominique Sanda (magnifique dans ce rôle), et sa personnalité sexuelle trouble, et perverse. Mais c’est un conformiste et il achèvera sa mission. Très belle scène de crime des opposants dans la forêt magnifiquement stylisée. Un film intelligent, juste et très beau. Une des grande œuvre de Bertolucci.
C'est un film de bout en bout remarquable : art de la lumière, art du montage, rythme, acteurs. À voir et à revoir ! Trintignant est prodigieux dans ce rôle.
Une oeuvre majeure de Bertolucci sublimée par la photo de Vittorio Storaro, triplement oscarisé (notamment pour Apocalypse Now). Le réalisateur réussit la prouesse d'insuffler de la légèreté et de la grâce à la froideur que portent en eux le thème politique du film et son troublant personnage principal (magistral Trintignant). La scène de la forêt est tout simplement magistrale.
Une réussite sur le plan esthétique. Dominique Sanda est sublime, Trintignant troublant. Le problème, c'est, sur le plan politique, idéologique, psychologique, c'est complètement creux et raté. Le comble du ridicule est atteint avec cette militante antifasciste grande bourgeoise qui donne des cours de danse et s'habille chez les grands couturiers. Les personnages n'ont pas la moindre épaisseur et celui de Trintignant n'a aucune cohérence. Pourquoi donc un "conformiste", un homme médiocre qui veut faire comme tout le monde, prendrait-il le risque de s'engager dans une police secrète fasciste ? Ne serait-il pas plus logique qu'il suive le courant en se mouillant le moins possible ? On ne sait pas trop ce que veut nous dire Bertolucci sur le rapport entre la psychologie individuelle et le fascisme, mais il ne maîtrise pas son sujet.
Une œuvre de très haute tenue, malgré quelques points qui me laissent sceptique. Dénoncer le fascisme avec 30 ans d'écart me rappelle une phrase de Desproges qui critiquait tel artiste "engagé" qui prenait parti contre une dictature à l'autre bout du monde...Agaçant également, l'aspect manichéen et simpliste, à savoir "les communistes sont gentils, les fascistes sont des salauds", illustré dans la scène du bouquet de violettes. Heureusement malgré cela le film ne manque pas de qualités: les acteurs impeccables, avec en tête Trintignant très inspiré, des actrices magnifiques, dégageant sensualité, faiblesse, et force à la fois ; une musique superbe, et des décors "mussoliniesques" très réussis, étourdissants ; et puis malgré les maladresses citées plus haut, il demeure intéressant de s'interroger sur les motivations qui peuvent pousser un homme dans les bras du fascisme, ou de tout autre totalitarisme d'ailleurs, haine des différences, volonté d'être "normal", si tant est que l'on puisse définir des bordures à ce qu'est la "normalité"...
Film riche, complexe, et intello, Le conformiste sonde l'Italie mussolinienne à travers le portrait d'un homme froid et terne, incarné par Jean-Louis Trintignant, qui choisira le fascisme pour se fondre dans la masse. La mise en scène de Bernardo Bertolucci, particulièrement travaillée, est superbe.
« Le conformiste », c’est la tragédie d’un homme (Jean-Louis Trintignant) qui se voue à l’obsession du conformisme après qu’il a cru dans sa prime jeunesse avoir tué un jeune chauffeur de maître ayant abusé de lui. Devenu adulte à l’époque du fascisme triomphant, il décide de tenter d’oublier ce traumatisme dont il craint sans doute dans une Italie puritaine qu’il l’entraine vers la déliquescence morale qu’il constate chez son père interné dans un asile et chez sa mère, toxicomane abusée par son chauffeur, en se pliant à tout prix au conformisme social et moral du régime fasciste. La première vertu prônée par les régimes totalitaires étant la famille, il se fiance à une petite bourgeoise sans envergure (Stefana Sandrelli) prototype de la future bonne mère de famille sans histoire. La deuxième qualité du bon fasciste est l’allégeance au régime qu’il est de bon goût d’accompagner dans le maintien de sa domination sur les masses. Marcello zélé jusqu’à l’aveuglement se trouve vite pris dans la nasse du régime qui exige beaucoup de ses affidés notamment pour l’exécution des basses besognes. Marcello n’y échappera pas étant suivi de près pas un agent des services secrets (Gastone Moschin) qui encadre les missions délicates. Bertolucci qui adapte ici un roman d’Alberto Moravia et dont les idées libertaires sont connues montre très bien le piège qui se referme sur cet homme de piètre envergure dont les valeurs sont mal assurées. Jean-Louis Trintignant avec son allure de gringalet à la sexualité trouble est parfait dans le rôle, mais ce film réputé pour être un chef d’œuvre souffre du goût pour l’épate de Bertolucci qui terni grandement l'ensemble de son œuvre. Les effets de style visuels comme narratifs s’enchaînent sans réel fil conducteur, donnant le tournis à un spectateur qui finit par être aussi perdu que Marcello lui-même dans les méandres tortueux de son cerveau tout de même un peu dérangé. Il y a sans doute des choses qui échappent à une première vision ce qui est tout de même dommageable pour un chef d’œuvre dont la lecture devrait être immédiate. A revoir donc.
"Le Conformiste" est un film bien étrange, partagé entre son histoire d'amour et de meurtre, avec une mise en scène qui refuse l'unicité pour s'adapter aux situations proposées. Celles-ci sont maigres d'intérêt, tout comme les personnages sont fades, globalement caricaturaux et inintéressants, incarnés (le mot est fort) par des acteurs peu convaincants (Trintignant troublant par moments mais le plus souvent mauvais dans un jeu outré qui ne lui va absolument pas). Ce film n'est pas aussi ignoble que "1900", mais laisse surtout indifférent, avec sa réalisation très tape-à-l’œil qui reflète une vision du grand Art désuète à souhait. Bertolucci se prend très au sérieux mais ne filme en fin de compte que des banalités, le tout de façon très démonstrative en dénonçant avec fureur le fascisme de façon plutôt douteuse (pour un pro-communiste, l'attaque est facile). Un film qui vise le chef-d'oeuvre mais qui n'a au fond que sa beauté très commune pour voiler sa vanité.
Déjà très politisé, ce film de Bernardo Bertolucci peut être considéré comme matriciel pour le réalisateur puisqu’il comporte non seulement tous les thèmes chers au cinéaste (l’engagement, l’opposition au fascisme, une sexualité exacerbée et souvent déviante) tout en affirmant haut et fort les ambitions artistiques du réalisateur. Sublimé par les éclairages de Vittorio Storaro, le film est d’une beauté visuelle à couper le souffle. Tout est là pour faire du film un pur chef d’œuvre : des décors grandioses, des cadrages virtuoses, des interprètes de grande tenue et une musique magique du grand Delerue. On atteint donc ici la magnificence de ce cinéma italien des années 70 tant célébré (avec raison). Si on peut reprocher un certain simplisme dans quelques scènes (les jeunes fleuristes qui entament l’internationale, symptomatique d’un certain cinéma de gauche), il faut reconnaître la capacité de Bertolucci de s’extraire du traditionnel film de propagande gauchiste en dressant des portraits bien plus ambigus que prévu initialement. Au final, le film est un petit bijou. Un classique indémodable.
Bernardo Bertolucci livre une leçon de cinéma, rien n'est à jeter, chaque plan est une réussite. La neige sur le pare-brise, le bal, l'arrivée de Marcelo et de sa femme dans l'appartement Parisien des Quadri et de cette discussion mémorable sur l’obscurité ... Les séquences marquantes de ce film se compte à la pelle, pourtant, je ne suis pas entièrement convaincu ! Quelques longueurs, le récit est pas toujours très clair, les personnages sont un peu faible par instant hormis Jean-Louis Trintigniant parfais de bout en bout, les autres sont juste la pour faire tapisserie ... Mais globalement ce film est une réussite, de part son propos et surtout par la mise en forme de celui-ci, intelligent et terrible !
"Le Conformiste" de Bernardo Bertolucci permet une fois de plus de constater tout le talent de Jean-Louis Trintignant, impeccable. L'autre très grande qualité de ce drame/polar, c'est la qualité de la photographie, nous offrant des paysages magnifiques (la forêt enneigée) comme autant de plans superbes (le paysage défilant par la fenêtre du train par exemple) et d'une incroyable poésie. Les femmes sont également filmées avec une sensualité assez sublime. Et si les dialogues sont de très bonnes factures, trop de longueurs, un scénario parfois abscons, et quelques maladresses au cours de scènes d'action spoiler: (le visage ensanglanté lors de la poursuite finale n'est pas cohérent avec la position du tireur) desservent malheureusement ce qui aurait pu être un très grand film. Intelligent, sans concession, beau, mais relativement confus.