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Un visiteur
3,5
Publiée le 25 juillet 2015
Une œuvre de très haute tenue, malgré quelques points qui me laissent sceptique. Dénoncer le fascisme avec 30 ans d'écart me rappelle une phrase de Desproges qui critiquait tel artiste "engagé" qui prenait parti contre une dictature à l'autre bout du monde...Agaçant également, l'aspect manichéen et simpliste, à savoir "les communistes sont gentils, les fascistes sont des salauds", illustré dans la scène du bouquet de violettes. Heureusement malgré cela le film ne manque pas de qualités: les acteurs impeccables, avec en tête Trintignant très inspiré, des actrices magnifiques, dégageant sensualité, faiblesse, et force à la fois ; une musique superbe, et des décors "mussoliniesques" très réussis, étourdissants ; et puis malgré les maladresses citées plus haut, il demeure intéressant de s'interroger sur les motivations qui peuvent pousser un homme dans les bras du fascisme, ou de tout autre totalitarisme d'ailleurs, haine des différences, volonté d'être "normal", si tant est que l'on puisse définir des bordures à ce qu'est la "normalité"...
Malgré un ventre mou dans la partie parisienne, ce film visuellement magnifique est une peinture passionnante et effrayante du conformisme social et du fascisme, de la décrépitude morale d'un homme qui a renoncé à sa liberté, à sa dignité, à son identité. L'ironie étant qu'il est le plus lucide sur sa condition et sur l'horreur de la situation, l'homme le plus différent possible d'un fasciste convaincu (les scènes où il est noyé dans la foule). Les personnages sont écrasés dans des décors froids et démesurés, le plus fou et le plus inhumain étant celui qui se conforme en tout point à la société. Jean-Louis Trintignant est parfait dans ce rôle trouble, et face à lui Stefania Sandrelli et Dominique Sanda interprètent parfaitement des personnages féminins très bien écrits, spoiler: même celui de Giulia qui n'est pas aussi potiche qu'elle n'en a l'air, et qui ne cherche qu'à profiter de la vie et à se détacher du traumatisme qu'elle a vécu enfant . Merveille de réalisation, Le Conformiste est un grand film dont certaines images et séquences sont immédiatement inoubliables (flash-back, spoiler: scène du palais fasciste, du meurtre ). spoiler: Et cette fin, à la fois tragique (quasiment mythologique) et cruellement ironique est à la fois une punition, la chute d'un homme enfermé dans sa duplicité et l'espoir d'un rachat ...