voilà le type même du film infaisable aujourd'hui. Bertolucci, marxiste bon chic bon genre filme si gracieusement ce qu'il dénonce que le film a tous les attraits et la beauté des films ambigus et contestés de l'époque comme Portier de Nuit et Lacombe Lucien..le fascisme, c'était beau et çà c'est compliqué à expliquer..
L’homme semble faire payer à son entourage la blessure de son enfance. Ce meurtre qu’il a commis et qui le pèse. D’où ce personnage froid et détestable qui recherche chez tout le monde l’approbation de son besoin d’être un homme comme tout le monde alors que tout le monde le voit comme un différent et en cela attirant ou repoussant. A partir de là et à mon grand regret, le film qui prend un tour politique, car c’est le thème sous-jacent en vérité, m’ennuie profondément. On est dans l’analyse, psychologiquement parlant mais historiquement parlant aussi. Le contexte est bien sûr auréolé de cette douleur enfouie et les souvenirs se mêlent au désirs d’être un autre.
Psychanalyse d'un fasciste ordinaire des années 30 en quête de "normalité", hanté par son passé et ses désirs refoulés. Visuellement esthétique et doté d'un casting séduisant (notamment Jean-Louis Trintignant et Dominique Sanda) mais le récit manque de fluidité.
La thèse défendue dans Le Conformiste est intéressante : le parfait fasciste, c'est l'homme qui au lieu d'accepter sa propre différence veut la gommer tout entière, pour être le plus normal possible. Trintignant est l'acteur idéal pour ce rôle, lui qui est justement l'archétype de l'acteur à l'allure normale, mais qui semble cacher des blessures profondes. Cela donne donc un thriller psycho-politique assez convaincant, même si l'écriture des autres personnages est quant à elle très inégale, au même titre que la mise en scène.
Marcello Clerici (Jean-Louis Trintignant) a grandi sans amour entre un père qui finit à l’asile et une mère qui sombre dans la toxicomanie. Après de brillantes études, il adhère au parti fasciste et rejoint ses services secrets. Par conformisme, il se marie avec Giulia (Stefania Sandrelli) une femme superficielle et frivole pour laquelle il n’a aucun sentiment. Une mission lui est confiée à l’occasion de son voyage de noces à Paris en 1938 : y rencontrer Luca Quadri, son ancien professeur, devenu une figure de la lutte anti-fasciste, endormir sa confiance et l’assassiner. Dans le cadre de cette mission, Marcello fait la connaissance de Anna (Dominique Sanda), la jeune épouse du professeur.
J’ai toujours exprimé des réserves sur le jeu de Jean-Louis Trintignant que je trouve laid et inexpressif. J’ai sans doute tort si j’en crois l’engouement qu’il suscite et les éloges qui ont accompagné son décès. Mais mes réserves sont pour beaucoup dans le peu d’intérêt que j’ai pris à ce film réalisé par un jeune réalisateur encore quasi-inconnu et où Trintignant y est horriblement doublé en italien – comme c’était l’usage à l’époque – au point même d’y parler le français avec un accent ridicule.
J’ai été désarçonné, sinon perdu par la première moitié du "Conformiste", dont je n’ai pas compris grand-chose à force de flashbacks et de flash-forwards. Les choses se sont arrangées dans la seconde partie qui prend un cours plus linéaire. Y apparaît Dominique Sanda dont la beauté glaciale irradie la pellicule. Las ! La passion qu’éprouve le personnage interprété par Trintignant pour celui qu’elle interprète ne transpire guère. Tout se termine par une scène mythique, mais bizarrement artificielle, dans les forêts enneigées des Alpes.
Honteux d’avoir pris à ce film aussi peu de plaisir, j’ai voulu découvrir le livre qui l’avait inspiré. De Moravia, j’avais lu "L’Ennui" que j’avais immensément aimé et "L’Amour conjugal" (on me glisse à l’oreillette que "La Désobéissance" est un bijou). Avec "Le Conformiste", j’ai retrouvé avec délice l’élégance proustienne de sa prose et l’intelligence de son psychologisme. Mais j’ai aussi compris ce qui m’avait dérangé dans le film de Bertolucci – qui frappe par sa fidélité et ne s’éloigne quasiment pas du livre sinon dans la mise en scène de l’assassinat de Quadri et dans les retrouvailles avec Lino. Tout le livre repose sur une thèse : l’adhésion au fascisme est ancrée dans un puissant besoin de conformisme, le besoin d’être conforme à ce que la société attend d’un homme et de se fondre dans la masse. Je n’oserai pas me prononcer sur cette thèse dont les historiens et les psychologues débattent depuis près d’un siècle ; mais le conformisme est devenu un tel repoussoir, à l’heure où l’anti-conformisme au contraire est érigé en valeur essentielle, qu’elle n’a pu que me dérouter.
C'est bien tourné, on a de jolies images. La philosophie de fond, c'est peut-être que le conformisme ou l'anticonformisme changent selon les périodes de l'Histoire, les pouvoirs en place, ou la folie groupale du fascisme. Comme quoi il faudrait surplomber tout cela, et garder une éthique personnelle supérieure aux aléas extérieurs. Cela pourrait sembler intéressant mais ici l'histoire s'avère un peu molle, et le conformisme que décide d'adopter l'anti-héros (Jean-Louis Trintignant) n'est causé que par un traumatisme hasardeux vingt ans plus tôt, et difficilement compréhensible : en quoi un mauvais acte peut engendrer une soif de conformisme au point de ressembler à une masse sanguinaire ? Film assez étrange, qui vaut le coup d'oeil mais une seule fois.
Le Conformiste est un long-métrage plutôt convaincant de par les thématiques très brutales qu'il aborde sans gant. L'histoire est assez intéressante (un homme en apparence sans histoire, embauché pour tuer un opposant politique). Les tergiversations et les dilemmes moraux de ce personnage conformiste sont particulièrement palpable. Malheureusement, en-dehors de cela, j'ai trouvé le film assez lent et peu dynamique. La force des thématiques abordées ne m'a pas empêché de m'ennuyer par moment. La scène de tuerie finale est particulièrement impressionnante et redonne un peu d'intérêt au film. Très visuelle, elle n'hésite pas à montrer directement aux yeux du spectateurs les morts sanglantes et froides du couple Quadri (ce qui, j'imagine se faisait peu à l'époque, les films suggérant plus les morts que les montrant). Jean-Louis Trintignant est très bon dans le rôle principal, délivrant une prestation à la fois froide et vulnérable. Il arrive à donner de la dimension et de l'empathie à un personnage sur le papier plutôt méprisable (contribuant aux pires atrocités sans avoir le cran de se salir les mains). Les autres acteurs et actrices (que je ne connais pas) sont eux aussi très convaincants. Un film un peu trop lent, selon les critères actuels d'appréciation d'un film, mais dont le sujet et la mise en scène fait froid dans le dos.
Un film très bien joué par Trintignant une photo superbe et de très bons cadrages mais l on s ennuie vite et la fin est ratée bref un film bien mais dépassé
Une oeuvre majeure de Bertolucci sublimée par la photo de Vittorio Storaro, triplement oscarisé (notamment pour Apocalypse Now). Le réalisateur réussit la prouesse d'insuffler de la légèreté et de la grâce à la froideur que portent en eux le thème politique du film et son troublant personnage principal (magistral Trintignant). La scène de la forêt est tout simplement magistrale.
Le conformiste est sans doute le meilleur film de Bertolucci. Quand on connait l'ensemble de sa filmographie, on comprend qu'il s'agit d' un très grand film. Une œuvre à la hauteur du livre de Moravia. Comme l'indique le dernier sous-titre du film "toutes ressemblances avec des faits existants ou ayant existés seraient fortuits". A bon entendeur salut ! Courrez voir ce film si vous ne l'avez jamais vu.
Le fascisme à travers un roman d’Alberto Moravia. La photo et les plans sont sublimes, visuellement le film est une féérie avec des scènes (la confession, l’assassinat dans la forêt) magistrales. Excellente direction d’acteurs (il y a du Romy Schneider en Dominique Sanda nymphomane). Le point le plus faible serait le scénario, mais c’est relatif…
Trintignant disait de son rôle, un personnage complexe, qu'il était parmi les plus importants de sa carrière. Le jeu de Stefania Sandrelli, son épouse dans le film, est également impressionnant : non seulement elle contraste avec les autres personnages, moins spontanés, mais elle se révèle à la fin spoiler: plus consentante à la situation qu'il n'y parait, dans un amour volontairement inconditionnel .
L'enfance n'est pas à la fête, deux histoires d'abus par des adultes sont narréesspoiler: , jusqu'à l'arrivée de la fillette du couple, à l'innocence joyeuse, qui symbolise le renouveau et la fin de la dictature.
Seul bémol du scénario : l'origine du lien entre Marcello et Anna n'apparaît pas clairement.
L'interprétation du dénouement s'avère délicate : spoiler: Marcello a-t-il pris conscience du caractère erroné des motivations l'ayant conduit à adhérer au fascisme ? ou bien se tourne-t-il vers le type de conformisme désormais attendu selon lui?
Sa dénonciation liée de l'homosexualité et de la collaboration me fait pencher vers la seconde hypothèse, d'autant que l'hypocrisie sociale et l'opportunisme sont par ailleurs abordés à plusieurs reprises.
Le thème allégorique de la cécité revient également de manière récurrentespoiler: , avec le mythe platonicien de la caverne mais aussi à travers la figure de l'ami physiquement aveugle, fidèle aux idées fascistes malgré le renversement du régime.
Comment décrire Le Conformiste? Faisons simple: c'est pour moi le plus beau et le plus grand film de l'histoire du cinéma (et je n'ai pas peur de le dire).
Un peu lent mais d'une esthétique, d'une photo et d'une profondeur époustouflantes, ce film n'est pas loin d'être un chef-d'oeuvre... sublime Sanda ! ...Trintignant est parfait, en veule passif mais contrarié et que ses complexes enragent finalement... à noter une chose peu dite : le meurtre à l'italienne, c'est décidément le meurtre par un tourbillon de spadassins assassins, chacun virevoltant, portant un coup pour s'enfuir ensuite illico presto...qui est donc le meurtrier premier et ultime dans cette nuée d'estocades ? ...on retrouve le même procédé dans l'assassinat de César, dans les assassinats pratiqués au temps des cités-Etats de la Renaissance, dans l'assassinat de notre Duc de Guise, à une époque et dans un décor italianisants, et même dans Lorenzaccio de Musset...