Antoine de Baeque et Serge Toubiana, dans le livre qu'ils ont consacré à François Truffaut, racontent la genèse du film : c'est en visionnant les rushs de la dernière scène de La Femme d'à côté, au cours de laquelle Fanny Ardant était vêtue d'un imperméable beige, que François Truffaut remarqua combien sa compagne d'alors avait l'allure d'une héroïne de film noir. Il eut ainsi envie de trouver une "Série noire" à adapter, pour lui offrir le rôle principal. Ce sera The Long Saturday Night, de Charles Williams, qui deviendra Vivement Dimanche ! Comme l'explique François Guérif, qui a lui aussi écrit sur Truffaut, le cinéaste est revenu à la "Série noire", une fois de plus, après deux grands succès critiques (Le Dernier Métro et La Femme d'à côté), "comme si, à nouveau, il réalisait son film contre les précédents". Il faut entendre par là qu'un film dit "de genre", populaire, succède à des "films d'auteur" (de même que Tirez sur pianiste avait succédé aux 400 coups). Mais Truffaut, à cette époque, remettait sérieusement en cause la pertinence de la définition du cinéma d'auteur et la distinction effectuée avec les films de genre.
Dans ce projet, ce qui a séduit le plus le réalisateur, c'est de confier l'enquête à une femme : "Pas une meurtrière, pas une femme-détective, mais une femme de tous les jours, une secrétaire, vaillante, déterminée à prouver l'innocence de son patron" (dossier de presse de Vivement dimanche !). Pour cela, il a quand même dû revoir la structure du roman de Charles Williams, avec l'aide de Suzanne Schiffman et de Jean Aurel.
Truffaut voulait aussi tirer l'histoire policière vers la comédie, afin d'osciller entre Hitchcock et Hawks. Plus tard, il dira à Guérif : "Le film mêle deux genres. Le genre nocturne, pluvieux, avec ambiance Série noire, et la comédie américaine, et je ne suis pas sûr qu'on ait vu souvent ce mélange. Il n'est pas l'un ou l'autre, il est les deux à la fois."
Dernier choix important : le noir et blanc s'est imposé à Truffaut avec évidence pour retrouver l'ambiance des films policiers américains d'autrefois. Mais il eut toutes les peines du monde à faire entendre ce point de vue aux producteurs (et notamment aux chaînes de télévision susceptibles de diffuser ensuite le film), habitués aux produits formatés en couleurs.
Aujourd'hui, on se dit que tous ces choix étaient les bons, que ce film a une saveur particulière, entre hommage cinéphilique et inspiration très personnelle. Il est loin, certes, le temps de la Nouvelle Vague (ses principes et son style ont été peu à peu délaissés), mais Truffaut témoigne encore à cette époque d'une liberté de ton qui ne va pas sans jubilation. Une liberté de ton magnifiquement relayée par Fanny Ardant qui campe une délicieuse apprentie détective, très belle, très classe, et surtout malicieusement impertinente. L'enquête, menée sur un rythme enlevé, navigue entre sérieux et légèreté, toujours pleine d'esprit et de charme, entre jeu de dupes et jeu de séduction.
Ce film est le vingt et unième et dernier de François Truffaut (il est mort en 1984). Jusqu'au bout, il sera resté fidèle à ses goûts, à sa sensibilité, à ses obsessions. Cet opus est un dernier clin d'oeil aux maîtres du cinéma qu'il a toujours défendus et un dernier clien d'oeil aux femmes, principales sources de son inspiration : des femmes actives, dont "les jambes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie". Ces jambes que contemplent à longueur de journée Julien Vercel (Jean-Louis Trintignant) depuis sa cachette en sous-sol, avec vue sur la rue, comme le faisait Bertrand Morane, autre alter ego de Truffaut, dans L'Homme qui aimait les femmes.