La première fois que je m’étais lancé dans le visionnage de La Compagnie des loups je n’avais tout simplement pas pu aller jusqu’au bout. Trop lent, trop mal narré, je m’étais endormi ! Je le revois quelques années plus tard en m’armant de courage et je parviens jusqu’au bout, mais j’ai exactement eu le même ressenti sur le fond !
Le film est sur la forme irréprochable compte tenu de son tout petit budget de 2 millions de dollars si je ne m’abuse. Un premier film très beau de Neil Jordan. Des décors studios au magnifique charme rétro, une ambiance de conte de fées bien présente, une photographie superbe, une bande son soignée, La Compagnie des loups est un très beau film, c’est indéniable. Maintenant cela ne suffit pas à faire de ce métrage un film enthousiasmant.
Déjà la mise en scène de Jordan n’est pas terrible. Il peine à donner du rythme à sa réalisation, filmant trop platement des décors pourtant magnifiques. Il accentue inutilement la lenteur de son métrage par des plans pas assez nombreux. Peut-être a-t-il voulu jouer la carte contemplative, mais ça ne fonctionne pas très bien vu qu’il y a déjà beaucoup de raisons de trouver le film lent pour ne pas dire, à certains moments, soporifiques !
La Compagnie des loups est en effet étrangement ennuyeux. Passé la fascination des décors on ne peut que constater la faiblesse scénaristique. C’est audacieux, mais cette mise en abyme complexe, doublé d’une volonté d’adapter sans le dire des contes bien connus de façon décousue, tout cela fait que le métrage est, en fin de compte, très peu clair, manque de fluidité, et manque aussi singulièrement d’enjeux. Le réalisateur semble être le seul à savoir où il va, nous assenant des adaptations courtes où l’on cherche l’intérêt autre que celui, plastique, des images. En plus le film n’est ni vraiment sensuel, ni horrifique hormis avec une ou deux scènes, ni très onirique, on dirait que Jordan voulait faire des tableaux mais s’est désintéressé de la cohérence de son film, qui semble dégingandé et dont la fin laisse dubitatif.
Le casting présente quelques acteurs de talent, avec les vétérans David Warner et Angela Lansbury, seule la seconde ayant un rôle important. Elle était bien vue dans ce rôle de la grand-mère, un de ses derniers au cinéma et auquel elle insuffle son talent naturel. Face à elle Sarah Patterson, actrice moyenne mais pas désagréable, Stephen Rea qui trouve un rôle ténébreux qui lui sied bien, mais dans l’ensemble beaucoup des interprètes n’ont pas des rôles d’une grande consistance, et malgré un casting assez plaisant, hormis Lansbury et Rea les autres acteurs n’ont pas grand-chose à faire ou ne retiennent pas franchement l’attention. A l’image du scénario, les rôles restent trop timorés, il aurait fallu plus de puissance, de souffle, d’émotion, de tourment. Là c’est assez fade, à l’image de la première histoire avec le personnage de Rea qui m’a semblé abordé avec beaucoup de consensualité.
Finalement La Compagnie des loups est un film qui se laisse voir unilatéralement pour ses qualités visuelles et sonores, mais pas par son intrigue. Un film plastique soigné, mais je reste déçu de mon deuxième visionnage. Des décors aussi charmants auraient mérité un propos tellement plus réussi. 2.5