Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
benoitparis
109 abonnés
1 277 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 21 novembre 2011
Que ce soit par le biais de la fiction ou du documentaire, Schroeder est un cinéaste vraiment subversif, qui dérange, qui problématise. Le cas Koko, le gorille éduqué comme un humain californien de la fin des années 70, transgresse les évidences des limites entre l’espèce humaine et l’animalité, ouvre des interrogations vertigineuses et incidemment génère de la dérision grinçante. C’est unique en son genre et passionnant.
je ne savais pas qu'il datait de 78 ni qu'il avait été réalisé par Barbet Schroeder,je sais pourquoi à chaque fois que j'ai vu ce documentaire j'étais prise à la gorge,submergée par l'émotion!Ce film nous montre à quel point les gorilles sont proches de nous et peuvent comprendre(et parler) notre langage!Ils comprennent aussi la notion de mort,il n'y a qu'à voir la tristesse de Koko qd elle perd son chat:de quoi nous interroger sur la bêtise des hommes(même si c'est souvent par nécessité) quant au braconnage et à l'immense marché qui en résulte:quid de la préservation des espèces?
Koko est un gorille femelle de 7ans qui a des capacités étonnantes et remarquables. En effet, depuis son plus jeune âge, elle est éduquée et entrainée par Penny Patterson (28ans à l’époque du tournage et était étudiante en psychologie à l’université de Stanford) à apprendre le langage des signes (Koko connaît environ 1000 mots et en utilise couramment 500). Le but de cette expérience était de pouvoir réaliser un vieux rêve, celui de permettre la communication entre l’homme et l’animal. Le but des scientifiques était de créer une communauté de "gorilles communiquant" afin qu’ils puissent signer entre eux, utiliser les signes pour se comprendre les uns aux autres
D’après les propos tenus par le réalisateur lors d’un entretien avec Jean Douchet (critique & historien du cinéma), initialement le film devait être un film de fiction, racontant son histoire vraie (ses débuts au zoo de San Francisco à son apprentissage de la langue des signes) avant de virer vers un traitement plus romancé, avec sa libération dans la jungle, transformant le film en une resucée de Gorilles dans la brume (1988) avec Sigourney Weaver). Finalement le film sous cette forme ne verra jamais le jour (pour diverses raisons, notamment financières) et sera ce qu’il est aujourd’hui, un documentaire (en utilisant notamment les images tournées lors de l’étape préparatoire au tournage du film).
Impossible de ne pas faire le parallèle avec les expériences menées en 1973 auprès de Nim, un chimpanzé qui a été élevé au sein d’une famille américaine et à qui on a appris le langage des signes (un documentaire intitulé Le Projet Nim (2012) de James Marsh revient sur cette histoire). Des expériences similaires qui, pour la toute première fois, se faisaient auprès d’une autre espèce, le gorille.
Koko, le gorille qui parle (1978) est une immersion au cœur de cette expérience ethnologique, où le réalisateur Barbet Schroeder filme pas à pas l’apprentissage de Koko auprès de Penny Patterson. On comprend rapidement que Koko à des capacité hors du commun. En dehors d’avoir mémorisé d’innombrables signes, elle est capable de reconnaître des images et de les mimer. On la voit en train de les représenter, elle répond même aux questions qu’on lui pose (en signant), on est éberlué de voir les échanges qu’elle entretien avec Penny Patterson. Les cordes vocales chez les gorilles les empêchant de pouvoir formuler des mots, les scientifiques utilisèrent un ordinateur vocal afin qu’elle puisse communiquer (on la voit interagir avec l’ordinateur). Il est d’ailleurs amusant de constater qu’une fiction telle que La Planète des singes (1968) de Franklin J. Schaffner ne tient pas rigueur de ce genre de détail en donnant la parole à différentes espèces de primates.
Un singe avec de telles capacités n’est bien évidemment pas passé inaperçu, bon nombre de reportages (photos & vidéos) ont vu le jour, ainsi que divers documentaires. Elle a même fait la couverture à deux reprises du célèbre National Geographic (en 1978 & en 1985).
Il en résulte un documentaire étonnant, voir sidérant de voir un gorille ayant de telles similitudes avec l’Homme (on la voit en train de donner le biberon à une poupée), capable de se reconnaître dans un miroir, d’exprimer des émotions, d’échanger, d’avoir une « conversation », … Un film touchant, qui en dit long sur les capacités insoupçonnées de nos cousins les singes.
Koko est décédée en 2018, elle avait 46ans (l’espérance de vie d’un gorille en liberté est estimée entre 35 & 40ans).
Si évidemment le documentaire sur ce gorille femelle récemment disparue est intéressant et nous donne à réfléchir sur les capacités évidentes de réflexion des animaux. Cependant, il date de 1978 et il pèse bien son âge, propos racistes, des situations de la condition animale parfois scandaleuses, une approche vieillotte qui ne doit cet aspect qu'à son âge. Replacé dans son époque et son contexte, le fond reste passionnant. Donc mal vieillit, mais intéressant.