Clint Eastwood acteur, Clint Eastwood réalisateur, Clint Eastwood homme politique. Républicain, mais pas fermé d'esprit et ouvert à la mesure, à l'écoute. Son personnage, accusé par sa femme de ne "pas avoir de sentiments", par son collègue de ne pas faire un "interview humain", par la mère d'un suspect d'être raciste, est pourtant le plus "humain" de tous : adepte de la vieille école, du feeling, de l'instinct, du "flair", il contraste et est incompris dans une société sclérosée et faite de bons sentiments tout fabriqués (vision du journalisme). Clint tient à montrer qu'il n'est pas un sans-coeur et ça se voit : le héros meurt en martyr, en faux coupable, lors d'une exécution filmée froidement (de même dans L'échange), et le vrai coupable n'est pas moralement condamné (dans un flash-back, nous le voyons tuer par accident). Dans ce film, Clint-Everett ne croit pas en Dieu mais en son flair, et celui-ci semble sérieusement remis en question ; son amie meure, sa femme le quitte, sa fille ne le voit jamais, il se fait virer... Jugé coupable est donc emprunt d'un grand pessimisme, jusqu'à l'horrible scène d'exécution. La scène finale, ambigüe et ouverte à l'interprétation de chacun, peut contredire ce pessimisme. Néanmoins, on ne sait trop ou veut en venir le metteur en scène : entre ce brulôt anti-peine de mort et ses déclarations où il se dit favorable à celle-ci "quand il s'agit d'un tueur d'enfant", entre ses films humanistes, subtils, et ses opinions politiques, les accusations de racisme qu'on lui porte. Le film en lui-même est très regardable néanmoins.