Je l’aime bien Yves Boisset – vraiment – mais là, ce n’est juste pas possible du tout. Et honnêtement, je pense tenir le responsable de cette foirade totale : le film historique. D’abord, on sent clairement que France 2 à l’époque n’avait pas les moyens de se payer une telle reconstitution. Mais au-delà de ça, je pense malgré tout que même avec deux ou trois fois plus d’argent, ça aurait toujours paru aussi cheap et presque ridicule. Et pour moi la raison à cela est bien simple : Yves Boisset ne sait pas filmer la guerre. Ce gars, il est très bon quand il s’agit de filmer l’injustice d’un système, de la société, d’un fait divers. C’est simple, c’est cru, c’est sec. Et pour moi ça marche. Là, pour ce téléfilm, j’ai senti le gars qui était venu pour dénoncer l’injustice de la guerre, mais qui se retrouve embarrassé au plus haut point par tout l’aspect reconstitution. Le mec n’a jamais filmé la guerre. Le mec n’a jamais eu à faire revivre une époque en glissant délicatement des informations historiques ni vu ni connu. Alors il nous a fait ça comme il a pu, platement, mollement, sans recherche du cadre, sans réflexion sur le rythme, sans astuce dans les dialogues. Et en fait c’est plus ce manque total de savoir-faire qui fait ressortir les carences de la production de France 2, bien plus que le reste. Du coup, tout le dispositif de cinéma s’écroulant, reste les gros sabots de la démonstration. Les officiers sont méchants, les soldats sont gentils, les généraux sont planqués dans les dorures des châteaux tandis que les gentils troufions s’offrent généreusement aux balles ennemies. Et il faut qu’avec ça, il y rajoute du sentimentalisme bon marché avec
la gentille femme et la trop mignonne petite fille qui attendent avec joie le héros qui a obtenu sa permission pour apprendre cruellement qu’il a été tué sur l’autel de la bêtise humaine. Snif ! Snif !
Alors certes, reste la démarche. L’envie de dénoncer. OK. Pourquoi pas… C’est louable. Mais bon. Pour qui a déjà vu « Les sentiers de la gloire » de Kubrick, c’est juste la même chose, en moins fort, moins subtil, moins beau, moins profond. Donc voilà, ça m’écorche presque la tronche de dire ça, mais ce film de Boisset, mieux vaut l’éviter.