“The more you drive, the less intelligent you are !”
“Repo Man”, d’Alex Cox, en voilà un drôle de film !
Quoi dire de cet ovni cinématographique de 1984, si ce n’est qu’il pourrait s’agir du prologue officieux du “They Live”, “Invasion Los Angeles” de John Carpenter sorti en 1988. Tout comme “Big John”, pour son brûlot politico-science-fictionnel, Alex Cox arpente lui aussi les ruelles de la cité des anges pour filmer l’errance d’une population de laissés-pour-compte et de marginaux broyés par le système ultralibéral reaganien des années 80. Cette peinture sociale - plutôt typique des longs-métrages des seventies - servira de point de départ à un récit complètement loufoque fait de punks braqueurs, de Repo Men (récupérateurs de créances non-honorées), d’extraterrestres dans le coffre d’une Chevy Malibu 1964 et d’une unité de “Men and Woman in Black” ! Alex Cox se focalise pourtant sur un certain Otto Maddox (Emilio Estevez), punk pogoteur désabusé (pléonasme), qui vient de perdre son travail et sa copine. Pour couronner le tout, son père et sa mère ont donné leurs âmes et surtout leurs dernières économies à un télé-évangéliste ! Ce qui permet au film de fustiger les croyances en tous genres, qu’elles soient religieuses ou autres ! Pour l’heure, c’est No Futur pour Otto, avant de faire la connaissance d’un certain Bud (Génial Harry Dean Stanton). Employé par une société de recouvrement, Bud est chargé de récupérer la ou les voitures des mauvais payeurs. Celui-ci va initier Otto au métier de Repo Man. À travers les pérégrinations de ces récupérateurs de véhicules - dont Otto s’y retrouve mêlé à son insu - Alex Cox en profite pour dézinguer ce signe extérieur de richesse - ce véritable culte - qu’est l’automobile aux Etats-Unis. Mais pas seulement, car les Repo Men sont les créatures de Frankenstein de l’Amérique - ou plutôt de l’Occident de l’ultra-mercantilisme - poussant les citoyens à toujours plus s’endetter, à toujours plus consommer... Les prémices de l’invasion de Carpenter sont bien là ! Pour qui aime le cinéma posé et ordonné, la vision d’Alex Cox peut ressembler à un foutoir sans nom, mais force est de constater que “Repo Man”- malgré toutes ses imperfections - reste une intéressante proposition de cinéma !