Bizarrement c’est un des seuls films à traiter du sujet du sida par rapport à ses répercussions sur la vie sociale, et ça n’en est même pas le thème principal…
… non en fait on suit le procès d’un avocat prometteur, à qui l’on confie une énorme affaire mais qu’on vire dans la foulée, par un subterfuge grossier, en raison de sa séropositivité. C‘est la trame du procès qui va amener la réflexion sur la maladie. L’atout majeur, pour moi, est que ça se passe dans les années 80/90, quand a été découvert ce virus accompagné de son lot de réactions disproportionnées et de rejet par méconnaissance. Certains crieraient à une intolérance grave alors qu’en ces temps c’était juste la vision commune. On s’aperçoit ainsi que les clichés et les préjugés, associés à l’ignorance et la bêtise, amènent à des extrémités graves. En très bon réalisateur, il a sorti le Silence des Agneaux 3 ans auparavant, Demme arrive à transmettre tout ça. Faut dire qu’il sait s’entourer, après le duo du thriller il nous sort Tom Hanks et Denzel Washington, pas mal, surtout que l’éternel Forrest Gump y gagne un Oscar. On pourrait ajouter le duo Howard Shore (Silence of the Lambs aussi mais évidemment Lord of the rings, excusez du peu) avec ses thèmes très justes et sa chanson pour Springsteen, là encore Oscar à la clé. Avec des dialogues au top, un montage clair, une empathie et une peine une profonde à la fin, ainsi qu’une histoire triste et réaliste mais bonne on atteint une qualité indéniable.
Les défauts selon moi sont que le rythme et
l’intérêt baissent un peu avant l’attaque d’Andrew,
et que j’aurai préféré plus de parallèles entre les rejets que subissent les Afro-Américains et les lbgt. Cela aurait permis
d’augmenter la tension dramatique finale, à défaut d’avoir le suspens du verdict,
et de montrer que la population n’évolue pas, ou au moins ne s’adapte pas bien en fonction de ce qu’elle a à affronter. On craint ce qu’on ne connait pas, on ne cherche pas à comprendre et encore moins à apprendre, on demeure obtus et fermé, mais surtout on s’oppose constamment malgré les leçons du passé… J’ai du mal aussi avec certains passages très indiscrets du procès, même si ça peut paraître réaliste j’ai encore des doutes et ça verse trop dans le scabreux. Enfin éviter quelques longueurs pour développer davantage les étapes du procès aurait fluidifié le rythme, mais ce ne sont que des détails presque insignifiants au regard de ce qu’apporte l’œuvre en général.
Il est difficile de traiter d’un sujet si délicat, ce qui est la raison probable de la rareté d’un tel sujet au cinéma. Dommage car, vu les mœurs et le contexte que l’on traverse encore maintenant, cela pourrait faire réfléchir et, peut-être un jour, faire évoluer les pensées dans le bon sens en voyant le mal que cela peut causer ainsi que ses répercussions. En attendant, Demme nous pond un film humaniste émouvant, très juste et recommandable en tous points.