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soniadidierkmurgia
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4,0
Publiée le 6 août 2024
Les carrières de Tod Browning et de Lon Chaney furent étroitement liées durant la période du muet. Dix films en commun de 1919 avec « Fleur sans tache » à « Loin vers l’Est » en 1929 marqués par trois films phares « Le club des trois » (1925), « L’inconnu » (1927) et « A l’Ouest de Zanzibar » (1928). « Le club des trois » est le film qui permit à Tod Browning acteur et réalisateur depuis 1909 d’accéder à la célébrité grâce au soutien d’Irvin Thalberg alors jeune producteur prodige au sein de la Universal. De son côté, l’acteur transformiste Lon Chaney est déjà très connu ayant multiplié les rôles notamment comiques depuis 1913 dont les trois énormes succès que furent « Satan » (1920), « L’as de cœur » (1921) et « Notre-Dame de Paris » (1923) tournés sous la direction de Wallace Worsley. « Le club des trois » est inspiré d’un roman de Clarence Aaron Robbins paru en 1917 qui prend pour toile de fond, trois artistes de foires aux monstruosités, univers que Tod Browning connaît bien depuis sa jeunesse. Echo (Lon Chaney) un ventriloque, Little Willie (Harry Earles) un lilliputien et Hercule (Victor McLaglen) dont le nom se suffit à lui-même. Pour améliorer leur condition plutôt misérable, les trois compères décident de se livrer au cambriolage en spoiler: prenant pour couverture un magasin de vente d’oiseaux, Echo se grimant en vieille dame inoffensive assurant la garde de Little Willie devenu un bébé charmant mais irascible et Hercule restant tout simplement Hercule pour veiller au grain. La ventriloquie utilisée pour favoriser la vente de perroquets ou merles devenus tous parleurs sera d’un grand secours pour aller inspecter les belles demeures des riches acheteurs avant visites nocturnes. L’affaire semble rouler mais la belle Rosie (Mae Bush) petite amie d’Echo au cœur d’artichaut va salement compliquer le déroulement des opérations . L’intrigue est certes d’une crédibilité un peu fragile mais l’essentiel est ailleurs pour Tod Browning expert dans le maintien du suspense et dans la mise en valeur de la capacité de Lon Chaney et d’Harry Earles à passer en un quart de seconde d’un personnage à l’autre livrant au spectateur des contrastes saisissants tout aussi amusants qu’inquiétants. La mémé doucereuse redevenant sous sa perruque le chef de gang veillant sur ses complices ou encore l’inénarrable Harry Earles tout simplement stupéfiant se levant dans son berceau pour menacer le poing levé ses deux compères, montrant durant tout le film une cruauté sans retenue. Parfois cocasse souvent émouvant, « Le club des trois » sera un immense succès qui verra Tod Browning s’accomplir pleinement dans un style si particulier qui lui vaudra de réaliser ses meilleurs films tout au long des quinze années que durera encore sa carrière. En 1932, le réalisateur retrouvera une nouvelle fois Irvin Thalberg alors devenu le producteur tout puissant de la MGM pour réaliser « Freaks » ou « La monstrueuse Parade », film qui ne quitte plus la mémoire de ceux qui l’ont vu. Véritable hommage à la différence, bien plus efficace à lui seul que toutes les initiatives de tous poils qui finiront, il faut le craindre à force de matraquage à provoquer l’effet inverse de celui recherché. Une véritable prise de risque à l’époque au sein d’un Studio ayant bâti sa réputation sur le glamour et le romanesque qui n’a pu voir le jour que grâce à l’autorité toute puissante d’Irvin Thalberg. Encore une fois un film adapté d’une nouvelle de Clarence Aaron Robbins parue en 1926 au sein duquel Early Harris trouvera encore sa place, décidément très talentueux. Plonger dans l’univers de Tod Browning et de Lon Chaney c’est pour le spectateur faire un grand saut assuré dans le monde du bizarre où l’humanité est omniprésente sous toutes ses formes. On notera enfin qu’en 1930 la MGM produira un remake parlant du « Club des trois » réalisé par Tom Conway avec de nouveau à l’affiche Harry Earles et Lon Chaney dont ce sera le dernier film avant sa mort le 26 août 1930.
Un ventriloque, un géant et un nain s'associent pour un cambriolage. Vu le pitch, pas de doute, nous sommes bien devant un film de Tod Browning. Le cinéaste poursuit sa collaboration avec Lon Chaney, l'acteur campant ici le ventriloque Echo se grimant en vieille dame pour passer inaperçu tandis que le nain se fait passer pour un bébé ! D'abord centré sur la collaboration entre les trois truands, "Le club des trois" finit par virer au mélodrame pur et dur quand un autre homme est accusé du meurtre que les complices ont commis durant leur cambriolage. Echo, le seul des trois à éprouver des semblants de remords, hésite donc à se dénoncer... On remarque ici l'amour que Tod Browning porte au mélodrame qu'il a finalement assez souvent abordé dans sa carrière via des chemins de traverse divers et variés, le cinéaste, s'il n'a pas peur de filmer les mutilés, les déformés, les rejetés, n'a également pas peur des sentiments, en témoignent l'un des derniers plans du film, totalement déchirant. Bourré à la fois de tension, d'émotions et d'idées, "Le Club des trois" porte bien la patte de son cinéaste et s'avère hautement divertissant.
De gros moyens pour une production traditionelle Hammer-MGM de l'époque; toutefois les intrigues suivent un schéma de base sans rendre un récit qui aurait pu pourtant muter en une expérience de qualité.