Le sujet était un peu tendancieux, et de la part de Spielberg, j'espérais sincèrement que l'on n'aurait pas le droit à des "bons moments" sur un film pareil, et ba voilà... La scène de la douche, avouons-le, doit faire partie des plus scandaleuses scènes du cinéma. Je me tâte, je pense à des films extrêmes, comme Salo de Pasolini, ou d'autres encore plus dérangeants, mais ça ne tient pas le comparaison, car cette scène, en plus d'être d'un mauvais goût accablant pour ne pas dire immoral, l'est d'autant plus par rapport à tout ce qui précède ce moment. Spielberg nous montre pendant 1h30 en gros (voire 2h heures) les désastres de la 2ème GM, avec une force réaliste très prononcée (si l'on excepte cette Vérité comme quoi tous les nazis étaient des psychopathes qui riaient devant la torture des juifs, car oui sous Spielberg TOUS l'étaient, du sous-fifre au colonel, on n'a que des psychopathes devant nous), et là tout d'un coup il semble aller le plus loin dans l'horreur, avec la scène de la douche, mais les personnages (car faut bien des personnes qui en échappent, c'est le but du film), s'en sortent. A ce moment-là, en tournant cette fucking scène, Spielberg a-t-il pensé aux millions de juifs qui n'en sont pas sortis ? Cela lui a-t-il effleuré son vieil esprit hollywoodien ? J'ai quelques doutes. Soit il va jusqu'au bout dans l'horreur (à la Requiem pour un massacre, on choque mais on choque, on nous prend les tripes et voilà), soit il s'abstient, parce que là... C'est HONTEUX, c'est scandaleux, cette pseudo-fierté de 550 femmes qui en sortent dont on se fout royalement comparé à plusieurs millions qui en sont restés... Et puis après on applaudit, on est content, bon Schindler a quelques remords (j'aurais pas pu en sauver plus ?), mais voilà les 1100 juifs (dont au total 10 personnages secondaires clichés à chier que l'on aurait limite voulu voir les laisser y passer, construction hollywoodienne de réussite très représentative de la réalité du moment, 'fin bon quand Hollywood s'empare d'un sujet de cinéma, on tue les inconnus, comme les nazis, on sauve les représentations de personnages inutiles pour faire pleurer dans les chaumières, on est Hollywood spirit ou on ne l'est pas), ont survécu, on sourit, on est content, quand j'ai vu la première moitié du film, l'horreur, et puis le dégoût après la scène de la douche, je me demande comment on ne pourrait avoir ne serait-ce qu'UN putain de sourire pendant tout ce film, et puis sur la toute fin le film se traîne en hommage national, allez on continue encore, plus loin, on a sauvé sa gueule, Hollywood a joué la bonne représentation, mais faut bien rendre hommage aux 6 millions ( ! ... ) tués, quand même. Enfin on nous apprend que selon la formule très réaliste de Spielberg, avec le noir et blanc, avec les décors, etc etc, on nous apprend que les nazis et les juifs parlaient anglais à l'époque. Si, si. Mais bon quand on est Hollywood, et que l'on déforme la réalité à un profit d'émotions des masses, on n'en est plus à ça près, j'imagine la honte des producteurs de devoir accepter que la langue du film soit l'allemand sous-titré (aux Etats-Unis, avec autant de budget, ça ? Ah ça non !). Ce film est une honte, une supercherie, malsaine, vide, comme le cerveau étriqué de Spielberg, l'imposture finie du cinéma américain.