Établir une critique sur une telle œuvre, sur une telle perle du 7ème art, et qui plus est de mon cinéaste favoris, me paraissait être la moindre des choses.
Schindler's List est d'un simple point de vue cinématographique une fresque monumentale où l'histoire est simplement trop forte, trop déchirante, émotionnellement tellement prenante que l'on en est violemment renversé. Le chef-d’œuvre du maitre est un des long-métrages les plus intenses que j'ai pu voir. Ce n'est pas qu'un simple film lambda sur cette abomination qu'est l’holocauste, c'est une parabole humaniste extraordinaire, une œuvre universelle. Une histoire vraie qui embrasse à elle seule l'humanité toute entière, du pire, du plus grave, au meilleur. Son sujet grave, pas bancal, aborde le poids d'une responsabilité que les Allemands n'ont toujours pas effacer, faute encore difficile à pardonner.
Steven Spielberg accomplit un véritable défi personnel, et découle son récit dans un oppressant noir et blanc, où, souvenez-vous, une innocente lueur rouge s'y mêle. On nous malmène, le film exposant clairement l'ignominie des crimes nazis ; on nous impose la vision de ce génocide. La mise en scène est si authentique, si maitrisée, qu'on pourrait dire justement que c'est une partie du génie de Spielberg de ne pas sombrer dans l'excès. L'esthétique propre au film est splendide, son sens visuelle est somptueux, et retranscrit toute la maestria d'un auteur incompris, très souvent dénigré par prétention. Ralph Fiennes personnifie les aversions les plus cruelles, son interprétation sincère vous fait frémir, vous fustige même. Amon Goeth, qu'il campe, représente toute cette haine extrême, toute cette folie meurtrière, qui se déploie à plusieurs reprise au cours du film. J'en viens à mentionner ces quelques scènes dont le souvenir mérite d'être durable :
- Goeth, seulement quelque minutes après un réveil malaisé, qui comble sa démence en tirant sommairement au fusil depuis son balcon sur des travailleurs juifs, sans réflexion aucune et cela par simple satisfaction personnelle. On en devine en quoi cette pratique est ordinaire chez lui.
- Ou encore cette tentative d'exécution lorsque l’intégralité des revolvers s’enrayent, sauvant la vie de Stern. Totalement déraisonné, son personnage d'Hauptsturmführer SS se révèle être effroyablement déposséder.
On ne peut qu'admirer un tel niveau d'interprétation ; puis Liam Neeson, criant de vérité, où est dépeint sur son visage une honnête frustration. Je pense également à ces rapports mémorables entre le comptable Itzhak Stern et Oskar Schindler, extraordinaires dans leur sobriété. Mais l'homme est mystérieux, au début avide et arriviste, ambitieux de faire fortune, il finiras par être animé d'une raison humaine pacifiste et de sauvegarde sans précédant. Décidément dressé contre l'ampleur du désastre commis par son régime, il usera des moyens les plus admirables pour sauver des millions de personnes. Il a dépensé l'intégralité de sa fortune pour sauver des juifs à une époque où le simple fait de les évoquer, d'en parler en bien, était un crime.
La puissance narrative de cette histoire est incroyable, et c'est toute la lucidité de Steven Spielberg que de l'avoir merveilleusement comprise. Car le scénario de Zallian constitue un des sommets du genre, étant construit de façon à respecté au mieux le livre, sans jamais se fendre. Habile et inspiré, l'auteur réussiras à décupler cette force émotionnelle grâce à une réalisation des plus exceptionnelles.
Ce film me parait intouchable et pourtant ... triste est de constater qu'il est victime de propos acerbes difficilement compréhensibles.