Je n'ai découvert Cube que tardivement puisque je l'ai vu pour la première fois cet été. Dès le début il s'avère marquant par l'intermédiaire de cette scène étrange où l'un des pièges se déploie sur un pauvre homme, découpé en milles morceaux. On regarde cela avec une certaine curiosité et une espèce de plaisir sadique, et l'on se demande alors : "Où suis-je tombé ?".
S'il y a des films qui nécessitent des explications détaillées, qui sont narrées aux spectateurs, pour celui-ci, il n'en est rien. La base même du long-métrage étant de laisser le spectateur dans le même état que les protagonistes, c'est à dire dans un état d'incompréhension, de peur, et de doutes. Et l'objectif de cette méthode est parfaitement atteint puisque tout au long des deux heures de films nous avons l'impression d'être à leurs côtés, d'être le septième personnage. On vibre, on tremble, on est sous pression, on est littéralement embarqué dans l'aventure, sans n'avoir à aucun moment l'intention de l'interrompre.
Car malgré cette ambiance close, malsaine, et cet aspect terrifiant présent du début à la fin, nous sommes fasciné. Une fascination qui se présente sous diverses formes. Dans un premier temps on est fasciné par ce système astucieux, de pièces et de pièges, toujours plus original et toujours plus surprenant. Puis nous sommes pris de fascination pour les personnages, ils sont tous différents mais très humains dans leurs réactions, et les dialogues qui dévoilent progressivement leurs caractères sont de véritables bijoux, ne permettant jamais au film de baisser en intensité. La relation qu'ils sont forcés d'entretenir pour survivre, malgré leurs différences, est le point d'orgue du film. On fini par vite délaissé le côté extérieur de l'histoire pour se concentrer sur l'intérieur. Et on remarque rapidement que leur complémentarité peut les aider à s'en sortir, mais que leur humanité ne cesse de les freiner, comme si un message explicite était glissé discrètement au milieu de cette cacophonie ambiante.
L'ironie même de Cube est que l'on va se retrouver, en tant que spectateurs, dans notre façon d'aborder le film, dans la même situation que celle des personnages. C'est à dire que l'on ne va pas savoir qui croire, quoi faire, quoi espérer. On est nous même devant l'écran englouti dans un cube gigantesque, qui perturbe notre esprit et mélange tous nos sentiments. Le dénouement final s'avèrera d'ailleurs idéal pour ce genre de sensations. Peut-être pas dans le sens auquel on s'y attend, mais le travail principal du film n'étant pas de nous raconter une histoire, mais de nous raconter une philosophie, cela n'est donc que légitime. Cette vision des choses, que nous développons nous-mêmes inconsciemment tout au long du long-métrage, représente la force principale de celui-ci. Cube mérite donc une grande considération, pas seulement pour la tension qu'il arrive à mettre en place, à travers son cadre oppressant et ses personnages finement étudiés, mais aussi pour tout le travail effectué sur le fond. Un travail qui se révèle très explicite en fin de film et qui justifie à lui seul le contexte et le contenu.