Sordi l'employé consciencieux. S'acquittant de ses tâches professionnelles avec un zèle précis, il fait partie d'une industrie qu'il est heureux de servir, même si elle efface son identité propre. Il vient de toute manière de décrocher deux semaines de vacances, et il a hâte de retrouver sa Sicile d'origine.
Sordi le chef de famille. S'acquittant de ses tâches avec un zèle précis, il fait partie d'un mariage qu'il est heureux de servir, même s'il efface son identité propre. Au moins, il a sa terre natale, ses "traditions antiques" dont il aime à rappeler l'existence, et son entourage d'enfance. De plus, il y a la chasse, une passion de toujours avec laquelle il va pouvoir renouer avant de retomber dans la routine.
Mais la chasse n'est pas ce qu'il en attendait. La mafia, sur laquelle Lattuada jetait jusqu'ici un œil de parodiste et de touriste, va surgir du décor, révéler sa vraie nature, et avaler Sordi le chef de famille. Il devient Sordi le picciotto - la recrue inexpérimentée à qui incombe la basse œuvre. Que va-t-il faire ? S'acquitter de ses tâches avec un zèle précis, bien sûr. Mais il fait aussi enfin partie d'une organisation qu'il sert à contrecœur.
L'expérience, d'un stress incomparable même derrière l'écran, va le sortir de l'étouffement de la répétition. Forcé pour une fois à être tout à fait le contraire de lui-même dans l'horreur impitoyable d'un acte sordide, il va enfin apprendre à faire les choses pour ce qu'elles signifient, et non pour servir à quelque chose. Il n'y a plus le Sordi chef de famille ni le Sordi employé consciencieux : il y a juste Nino, un homme qui a vu les rouages du monde et pour qui la vie commence seulement, car il en est revenu transformé. Et nous aussi.
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