Avis sur Je ne vois pas ce qu'on me trouve

"Je ne vois pas ce qu'on me trouve" est l'impression sincère et lucide d'un amuseur que sa notoriété n'abuse pas. Le vide existentiel que Pierre Yves ressent est tel qu'il semble même devoir déterminer l'indifférence polie des gens, ceux de Liévin par exemple, la ville de son enfance où il revient dans le cadre d'un festival. L'errance de Pierre Yves d'un lieu à l'autre dans la grisaille d'une ville qu'il ne reconnait pas montre et symbolise son état.
S'appuyant sur l'humour particulier de Jackie Berroyer, fait de dérison et d'autodérision, de blagues marmonnées, Christian Vincent réalise une comédie quelque peu amère et tout à fait insolite. Le portrait qu'il brosse de Pierre Yves n'est pas cérébral ni caricatural; il s'intègre harmonieusement à l'ambiance des petits festivals de province. Le temps d'un week end bien rempli, entre organisateurs pressés et attachée de presse dévouée (Karin Viard, toujours parfaite), l'humoriste éprouve ce qu'il est profondément. En particulier dans cette séquence inattendue et cruelle pour lui où l'invité de prestige se confronte à l'insignifiance de sa vie autant qu'à son dérisoire statut social.

Après trente ans d'absence, un "fantaisiste" fait son retour au pays, dans une avalanche de gags piteux et de dèconvenues hilarantes: cohorte de fans gluants, cocktail dèrisoires...En amuseur public très sceptique, Jackie Berroyer interprète ce "comique" dèsabusè, dans ce film d'atmosphère signè Christian Vincent dont il a coècrit le scènario! Au terme d'une folle nuit, Berroyer n'est plus qu'un clown pathètique rèduit à se cacher dans le placard de Karin Viard, qu'il essayait en vain de sèduire...C'est râtè mais pas le film! Un joli portrait d'homme dèsabusè qui doit beaucoup à ses comèdiens en pleine forme (Berroyer surtout)...

Voici une petite comédie étonnante sur la tranche de vie d'un homme devenu célèbre et qui revient dans sa ville natale.
Le jeu des acteurs est sans nuance, particulièrement Jackie Berroyer, mais il convient au style particulier de l'oeuvre.
L'ensemble passerait presque pour du cinéma-réel drôlement bien filmé grâce au dialogue, banale et quotidien. L'humour ne s'impose pas comme dans "Le Dîner de cons" ou (dans un autre genre) "American pie" où tout est artificiel (ceci n'est pas un reproche).
Je rapprocherai volontier ce film à "La Bûche" de Danielle Thompson qui s'inscrivent tous les deux dans un quotidien banale et n'occultent pas les moments de lenteur de la vrai vie.
L'un comme l'autre ennuieront où lasseront les amateurs de film qui bouge.
La différence profonde entre ces deux films est que "La Bûche" est un horrible film soporifique et sans intérêt.