Mark Pellington signe avec Arlington Road un excellent suspens qui fait plaisir à voir et ravira sans nul doute les amateurs du genre. Une belle surprise qui m’avait échappé jusqu’à lors.
Au casting un duo principal composé de Bridges et du rare Tim Robbins. Les deux se débrouillent très bien, même si parfois le personnage de Bridges est un peu agaçant car trop mou, mais c’est un détail, les deux acteurs sont excellents. Bridges fait preuve d’une belle variété de jeu, et Tim Robbins impose une présence marquante, et cela sans faire beaucoup d’efforts. Ce qui démontre un talent d’acteur indéniable. Néanmoins il ne faudrait pas voir à oublier les excellents seconds rôles. Joan Cusack aux apparitions mémorables, Hope Davis, toute mignonne et touchante, Robert Gossett, sobre mais efficace.
Le scénario est remarquablement travaillé. Surtout son final, tout à fait surprenant. Franchement le film a un atout maitre : il parvient à la fois à construire une histoire des plus costauds, sans pour autant délaisser l’action et le rythme. Un rebondissement arrive, et paf, lorsque c’est fini, un autre, et cela de façon fluide et pleine d’intelligence. Bon, il y a un passage avec quelques facilités qui m’a moins convaincu (celui du camp), et j’avoue que dans la dernière partie il y a une réaction de Bridges face à Robbins que je n’ai pas compris. Là aussi il me semble qu’il y a eu une facilité scénaristique trop visible, et qui m’a quand même accroché. Mais enfin, le reste est percutant. En tout cas les amateurs de suspens apprécieront sans nul doute.
Visuellement bon boulot de Pellington qui offre une mise en scène dynamique, la caméra est rarement inerte, qui est capable aussi de prendre de la hauteur, donner un peu d’ampleur au métrage, voire carrément au film d’action. J’ai surtout beaucoup apprécié le travail sur les plongées et contre-plongées, brillant, qui exploite bien pour le coup la taille de Robbins et le regard toisant de Cusack. Pour le reste la photographie et les décors sont sobres mais convaincants, disons qu’il n’y avait de toutes manières pas lieu à des extras particuliers puisque le film se passe surtout dans un pavillon. Mais quand même la photographie a des moments plus originaux (avec les gardiens du camp, superbe travaille d’éclairage par-dessus). Enfin une bande son efficace, mais à mon sens faiblarde si on la compare par exemple à d’autres films à chute comme Shutter Island ou Ghost Writer.
Enfin, en dépit de ses petites erreurs, Arlington Road reste quand même un suspens haut de gamme très agréable, que je conseille vivement aux amateurs évidemment. Ceux qui apprécient les films à chute seront aux anges, et il faut avouer que c’est bien mené, pour notre plus grand plaisir. J’accorde donc 4.5 à ce film.