Au lieu de se faire en studio à Los Angeles, le film a été tourné à San Francisco, afin de planter le personnage de Nicholas Von Orton (Michael Douglas) dans son monde, celui des magnats de la côte ouest, représenté par le quartier financier de cette ville. Pour filmer en extérieur dans ce quartier très fréquenté, David Fincher a été contraint de ne tourner que le week-end.
« Game » en anglais signifie bien entendu « jeu », mais aussi « gibier ». Le personnage principal est donc une proie à la merci du jeu crée par cette « entreprise de divertissement » qu’est CRS.
David Fincher a admis s’être inspiré du personnage de Scrooge dans le conte de Dickens “Une chanson de Noël”, vieil homme riche et acariâtre qui voit sa vie bouleversée un jour de Noël par la rencontre de trois fantômes qui le pousseront à changer de comportement. Pour le réalisateur, Nicholas Von Orton (Michael Douglas) est « un Scrooge dans l'air du temps que l’on aurait précipité dans une situation de film d’action comme Mission Impossible ».
La maison de Nicholas Von Orton (Michael Douglas) est en fait le manoir Filoli au sud de San Francisco. Les décors n’ont pas été altérés, le réalisateur préférant tourner dans le décor d’origine par souci de réalisme, quitte à ce qu’il ait l’air usé par le temps. En conséquence, les scènes dans la cuisine sont peu éclairées, afin de cacher l’état dégradé de la pièce.
Déborah Kara Unger, qui interprète le rôle de Christine, s’est cassée le pied pendant le tournage. Elle a aussi dû sauter dans une poubelle infestée de rats vivants…
The Game a été écrit en 1991. Le scénario a été racheté par Polygram en 1993, après avoir été refusé par le réalisateur Jonathan Mostow. Le projet initial réunissait Kyle MacLachlan dans le rôle de Nicholas et Bridget Fonda dans le rôle de Christine.
Une fois le projet racheté par Polygram, David Fincher chercha à adapter le scénario à sa vision, et y travailla plus de six mois. Par exemple, le personnage de Michael Douglas devait tuer Christine, ce qui selon Fincher n’avait aucune cohérence. De plus, The Game aurait dû être réalisé avant Seven, mais a été mis de côté lorsque Brad Pitt s’est libéré pour le tournage. Enfin, il s’est avéré difficile de convaincre Michael Douglas de participer au film, malgré le succès de Seven. Ce dernier craignait une mauvaise distribution du film en raison de son budget relativement petit.
Le casting de The Game a donné lieu à de nombreuses hésitations chez le réalisateur : il a failli donner le rôle de Conrad Von Orton à Jodie Foster, ce qui impliquait de réécrire complètement le rôle afin de faire du personnage la fille de Nicholas. Le projet a été abandonné, et le rôle proposé à Jeff Bridges, qui le refusa. Sean Penn fut finalement choisi.
Comme on peut le voir dans Alien 3 ou Seven, Fincher affectionne particulièrement les couleurs froides et sombres, et cela se retrouve dans The Game. L’obscurité semble rogner les extrémités des plans, et, une fois arraché à son monde, Nicholas (Michael Douglas) évolue dans un environnement aux couleurs froides, renforcées par un brutal éclairage au néon.
The Game met en scène un thème cher à David Fincher, celui de la renaissance, de la catharsis. Nicholas (Michael Douglas) est engagé dans le jeu par son frère, qui espère le voir se sortir de sa torpeur, de son comportement mécanique. Sa sortie de la crypte est une métaphore de cette renaissance. Cette idée sera reprise dans Fight Club.
Les décors du manoir Filoli ont été spécifiquement choisis parce qu’ils faisaient penser à ceux du Parrain. D’autre part, la scène où le personnage principal se retrouve enfermé dans une crypte est une référence à Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia de Sam Peckinpah (1974). Le costume de Nicholas (Michael Douglas) à ce moment-là ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à celui du personnage du film de Peckinpah, Bennie.
The Game est une mise en abyme, « un film sur les films » comme le dit David Fincher. Il y incruste en effet l’image d’un plateau de cinéma à travers la compagnie CRS, une entreprise de « divertissement » qui s’avère n’être rien d’autre qu’un plateau de cinéma, avec ses acteurs, ses techniciens, ses accessoires et ses décors.
Dans le commentaire audio de son film, Fincher explique que son propos n’est pas d’étudier les relations des hommes entre eux, mais plutôt de s’intéresser au spectateur, de jouer sur ses attentes, d’où par exemple la mise en abyme. La question qu’il pose est « Jusqu'à quel point les spectateurs sont-ils prêts à aller et pourront-ils accepter 45 minutes de poudre aux yeux »?
David Fincher a affirmé dans un magazine britannique qu’il y avait une conserve de “haggis” dans chaque plan du film. C’est une spécialité écossaise à base de viande hachée. Il ne s’agissait que d’un clin d’œil à son collaborateur Harris Savides qui était surnommé “Haggis”.