The Game est avant toute chose un grand numéro de manipulation et c'est la façon dont l'intrigue est menée de bout en bout dans cette optique par David Fincher qui impressionne le plus dans The Game, et, pour une fois dans l'oeuvre du cinéaste, on peut presque dire que ce point est même plus soigné que pour ce qui est de la photographie, un peu moins sophistiquée que ses autres réalisations même si elle reste très travaillé et rend le film d'autant plus agréable à regarder qu'il ne l'est déjà, tout cela grace à son emboîtement de rebondissements qui feront de plus en plus ressentir la paranoïa du personnage principal, avec une intrigue qui, à force de manipuler ce même personnage finit par manipuler le spectateur jusqu'à un dénouement aussi gros qu'énorme (rectification : aussi démesuré que surprenant), même si The Game est dans l'étrange situation d'avoir en même temps un des meilleurs twists qu'a pu créer David Fincher avec celui de Fight Club, et d'être en même temps un des seuls films à l'avoir gâché en transformant un très bon évènement dramatique qui venait conclure de manière tragique le film avant de, au contraire de Fight Club et surtout au contraire de Seven, le gâcher en le faisant devenir une happy end par devinez quoi ? Un autre retournement de situation ! Celui de trop peut-être, et à ce moment-là le film a déjà perdu de la marque sombre et glauque de Fincher, une ambiance qui reste toujours là et qui arrive sans violence à instaurer une atmosphère presque malsaine : le personnage principal milliardaire incarné par Micheal Douglas, excellent, débute une descente aux enfers plutôt mouvementée qui s'appuie sur un scénario comme dit plus haut particulièrement manipulateur, qui voit celui-ci joué à un "jeu" spécial organisée par une société ultra-plébiscité par ses amis et son frère, qui lui offrira une occasion d'y "participer", avant qu'il ne se rende compte qu'il est la victime d'une terrible machination... En effet, comme le spectateur, il entrera de plus dans le jeu qui au final n'en est peut-être plus un au fur et à mesure des péripéties. The Game n'est pas forcément un film majeur dans la filmographie du réalisateur et il est à classer avec Alien 3 et Panic Room dans ces films que Fincher destine avant tout au public sans pour autant se désister d'une maîtrise technique et scénaristique excellente ainsi qu'un acteur principal très impliqué dans son rôle : Micheal Douglas arrivent sans peine à nous faire rentrer dans la tête de son personnage, et c'était la pièce du puzzle à ne pas oublier pour que les autres pièces, comme l'histoire, se connectent bien l'une à l'autre et forment un ensemble correct, et c'est exactement ce qui s'est passé sur ce film qui n'est pas du tout une tâche noire sur la filmographie de Fincher mais au contraire une oeuvre dans laquelle on peut voir en même son aptitude à créer des scénarios addictifs, alambiqués et souvent bien tordus, une ambiance un peu glauque ainsi que des détournements de situations souvent énormes, tout ça en un seul film... Conclusion : Les jeux sont faits, Fincher a encore gagné...