Impressionnant exercice de manipulation, et je dis exercice dans le sens noble du terme, tu ne sens aucun effort, aucune transpiration, une maitrise évidente, pas même ostentatoire. Fincher est un as dans les thrillers urbains excitants scénaristiquement parlant, c’est du grand art, où la fiction est aussi importante que la mise en scène est brillante. Et il y a tellement de pistes secondaires, qu’on finit par douter de la réalité, comme Van Orton (Douglas). Performance de Michael Douglas, requin de la finance qui a du mal à cacher ses failles et son manque affectif. Il construit un personnage indiscutablement romantique, malgré sa misanthropie apparente. C’est culotté, c’est excitant, c’est Fincher en pleine forme.
Blockbuster intelligent en forme de jeu pour super riches en mal de sensations fortes, qui ont des problèmes à résoudre avec leur passé ou leur vie monotone et notoirement ennuyeuse. Il n’y a pas grand-chose à dire, sinon prenez-vous au jeu. Et le jeu continue, (comment expliquer sinon ce second rôle qui s’adresse directement au spectateur ?) Film en forme de labyrinthe qui réussit la sortie du tunnel, c’est-à-dire la fin, un faux happy end, qui aurait pu être catastrophique dans les mains d’un faiseur de spectacle, qui se serait contenté du sensationnel, de l’action pur et simple. Fincher lui parle de la société contemporaine dans ces excès et la perte de repères de tout un chacun, noyé dans un système se croit le maître du monde, mais confronté à l’imprévu, se trouve complètement démuni. et entame sans le vouloir vraiment, un véritable parcours initiatique. Et comme nous sommes dans une société capitaliste, même les parcours initiatiques s’achètent. Comment on fait pour s’inscrire ?