Encore marqué par le choc faisant suite à l’énorme Thriller qu’était Seven, le public sentait monter la pression au retour de David Fincher à la réalisation, avec qui plus est un pitch prometteur et des acteurs chevronnés. The Game, un nouveau succès pour l’excellent cinéaste, mais film pourtant marqué de l’empreinte d’un fil blanc omniprésent qui brille jusque sur Saturne. Oui, aussi bon soit-il, The Game est en quelque sorte l’archétype du film policier à intrigue des années 90, soit un film partant d’une idée intelligente, astucieuse, mais finissant dans la facilité, quelques rebondissements plus tard. Bref, il est indéniable que The Game n’aura jamais la force de narration du toujours le même Seven, ni l’impact visuel. Téléphoné comme jamais, le scénario tire malheureusement vers le laborieux les deux tiers du film passés.
Malgré tout, le film tient en respect un public captivé par les évènements, curieux de découvrir les aboutissants de ce mystérieux jeu auquel joue notre personnage principal. C’est là la richesse de The Game. Non pas sa fin, mais son intrigue première. Par ailleurs, Michael Douglas s’en sort admirablement, homme d’affaire froid et sans scrupules de prime abord, puis lascar effrayé, fatigué et vulnérable ensuite. La cassure ente le personnage tel que présenté en début de film et celui-ci, dans les tourments, est d’ailleurs relativement amusante, dans le sens ou l’on appréciait nullement le gaillard qui revient sur terre, les problèmes aux trousses.
Un film des années 90, comme mentionné, reconnaissable dans son traitement, ses dialogues et les jeux des acteurs. Si Michael Douglas rempli son contrat haut la main, il n’en n’est pas de même de Sean Penn, énorme acteur ici complètement effacé. C’est sans doute un scénario ciblé uniquement sur le personnage de Nicholas Van Orton (Douglas), qui ne laisse que très peu de place à celui de Sean Pean, pourtant l’une des clefs du mystère.
Coté mise en scène, David Fincher démontre une fois de plus un talent majeur. Qu’il filme des objets, des cascades ou des dialogues, le cinéaste est appliqué, ingénieux et très pointilleux. A ce titre, The Game, qui n’est pas son meilleur film, de loin pas, marque par le savoir faire de son créateur, rompu à toutes les techniques modernes de prises de vues, scénaristiques et de direction d’acteurs. Bref, un film à voir au moins une fois dans une vie de cinéphile, en somme un classique mitigé de la toute fin du 20ème siècle. Un film idéal pour une soirée de semaine sans prévision autre qu’avoir le cul rivé sur son divan. 12/20