Reprenant un projet avorté de Clouzot que l'on peut découvrir dans l'excellent documentaire "l'enfer d'henri-georges Clouzot" de Serge Bromberg, Chabrol abandonne l'aspect expérimental et expressioniste qui caractérisait le projet initial pour nous présenter une histoire de jalousie maladive,dont la dimension pathologique ne fait que s'aggraver au cours du film ,à un point tel que
le metteur en scene refusera d'ailleurs d'attribuer une fin à son oeuvre. En effet,estimant que le destin de cette relation de couple est mue par une fatalité inexorable ,il préférera reléguer les détails de l'évolution de l'intrigue au second plan... Ce parti pris n'est pas gênant,ce qui l'est davantage c'est la platitude de la mise en scène,très classique malgré les nombreuses scènes de fantasme de Paul,l'aubergiste,interprété par François Cluzet(qui surjoue un peu dans ce film).Il semblerait que Chabrol,dont le talent est incontestable dans la description des moeurs bourgeoises et qui a réalisé des intrigues policières ou d'inspiration plus psychologique de très bonne facture ,n'ait pas su restituer toute la folie inhérente au personnage,malgré le comportement paranoiaque et tyrannique de Paul.
Au début,on comprend un peu celui-ci,car sa femme,jouée par Emmanuelle Beart,outre ses attraits féminins très prononcés,a une attitude un peu ambigüe avec son entourage,c'est un peu le prototype de la femme-enfant,aguicheuse et "innocente" mais propre à émoustiller le mâle lambda... Après,bien évidemment on ne le suit plus et il nous apparait comme un pauvre type,enfermé dans son délire...peut-être ce détachement du spectateur joue aussi dans l'intérêt minime que l'on ressent pour l'histoire,alors qu'une mise en scène plus ambiguë,nous faisant réellement douter de la fidélité de l' épouse éplorée,aurait davantage captivé.