La Liste de Schindler a bel et bien lancer la carrière de Liam Neeson. Mais également, cela lui a permis de participer à des projets documentaires plutôt sérieux (l’Everest, la Seconde Guerre Mondiale…) et des rôles de personnages historiques (dont Michael Collins) avant d’être dans des films purement hollywoodiens. Bref, deux ans après le film de Steven Spielberg, Neeson se retrouvait en tête d’affiche de Rob Roy, long-métrage qui devait lui permettre de continuer sa lancée. (ATTENTION SPOILERS !)
Il s’agit de l’histoire de Robert MacGregor, chef de clan écossais durant le XVIIIe siècle, qui combattit une aristocratie cruelle et corrompue, après avoir été escroqué par cette dernière. Bref, tout commence par un être au combien pacifiste qui décide (enfin) de se soulever dès que sa famille est menacée, pour ensuite tenter de mener une résistance contre l’ennemi pourtant plus puissant et plus nombreux. Un scénario, donc, classique au possible et qui n’est pas nouveau dans le cinéma (pour preuve, Braveheart sortait la même année !) qui ne peut compter que sur le travail des personnages. Et de ce côté-là, le film ne déçoit pas ! Avec un Robert MacGregor rongé par son instinct et les conséquences, sa femme violée (une des scènes sans tabou du film) par celui qui est la cause de tous les événements du film, un fidèle ami ne savant plus que faire des ordres de son chef face à l’ennemi… Personne n’a été oublié, à part peut-être les antagonistes, qui semblent agir selon leurs envies, sans aucune raison (à part, justement, le fait qu’ils doivent faire les méchants).
D’ailleurs, les personnages peuvent remercier leurs acteurs respectifs pour être aussi vivants. Et après un Oscar tant mérité, il est heureux de voir que dans ce registre, Liam Neeson n’a plus rien à prouver ! Pour ce qui reste du casting, on ne peut qu’apprécier les performances de Jessica Lange (incarnant une femme forte dans l’esprit), John Hurt (naturel) et Brian Cox (qui rend bien l’ambigüité au niveau attachement que l’on doit éprouver envers son personnage). Mais il faut tout de même reconnaître que tous se font battre haut la main par la révélation de Reservoir Dogs et Pulp Fiction : Tim Roth. En effet, cet acteur incarne Archibald Cunningham avec une cruauté sans nom et un naturel sans pareil, rendant ainsi cet antagoniste aussi pitoyable (lorsque qu’il s’agit de faire face à son supérieur ou bien de subir une attaque surprise de MacGregor) qu’inquiétant (son regard, ses manies, sa manière de se battre…). Un méchant d’anthologie !
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du film, bien trop classique et sobre. Un long-métrage d’aventure ? Ne vous attendez pas à de grandes batailles épiques, à des scènes d’action mouvementées ou bien à un rythme effréné. Rob Roy n’est qu’un film qui fait parler ses personnages plutôt que de les envoyer se battre ou subir une quelconque épreuve éprouvante. Pour dire, le final se résume seulement en un simple duel à l’épée dans les règles de l’art. On ne s’ennuie pas, mais pour un film qui appartient au genre « aventure », on pouvait en attendre bien plus sur ce point.
Mais la grande déception de Rob Roy vient (en tout cas pour moi) de la musique de Carter Burwell, flirtant avec un classicisme hollywoodien déconcertant. Alors que James Horner nous faisait rêver pour Braveheart, le compositeur ne nous plonge à aucun moment dans les Highlands, ses musiques ayant rarement une consonance « écossaise ». Un comble pour un film qui, pourtant, dans cette région britannique !
En bref, il s’agit d’un film du genre de très bonne facture, qui pèche malheureusement par un résultat pédagogique un peu énervant (mise en scène sentant le déjà-vu, classicisme omniprésent, musique standard…), mais qui mérite d’être vu pour le traitement des personnages et ses acteurs.