La modernité au cinéma est reconnue, en majeure partie, depuis les films de Bergman, d’Antonioni ou de la Nouvelle Vague. Il est pourtant un cinéaste dont l’audace possède une charge moderne à la hauteur des auteurs cités précédemment. Sergio Leone s’inspire pour bâtir son cinéma non plus des arts classiques (peintures, sculpture, musique) mais prend pour modèle la bande-dessinée. «Per qualche dollari di piu» (Italie, 1965), dont la calligraphie du générique évoque le lettrage des B.D., nourris son imaginaire de la «nouvelle littérature». Les bruitages avec lesquelles Ennio Morricone accompagnent chaque personnages renvoient aux onomatopées du 9ème art. Jusque dans le cadrage baroque des visages, aplanissant gros plans et plans d’ensemble, Leone s’inspire des comics comme il en inspirera par la suite. Ce double mouvement, qui fait de Leone un monument nourris de ce dont il s’inspire et de ce qu’il inspirera, assure Leone comme un grand cinéaste. Ainsi il possède avec Mankiewicz une même particularité narrative. Comme Mankiewicz, et comme d’autres par ailleurs, Leone met en scène l’introduction de ses héros à l’écran en retardant leur apparition. Chacun est un murmure dont l’ampleur grandissante amène à leur donner corps. Leone, maître de fil du western-spaghetti, rend également maints fois hommage aux maîtres du western (Walsh, Ford, Hawks…) si bien que la beauté de son Technicolor côtoie celle de «The Searchers». «Per qualche dollari di piu» et l’œuvre de Leone ont donné naissance à des films comme «Fang juk» de Johnnie To. Pourtant le premier est aussi inventif que le second est sclérosé. Il est évident que To s’inspire beaucoup de Leone, comme de Peckinpah. Ce fossé qui sépare les deux auteurs provient du fait que le cinéma de Leone réinvente un genre, est audacieux et crée un style élégant tandis que To se confond dans la futilité du style, dans le duplicata de l’élégance. Le western selon Leone s’avère le genre parfait pour réinvestir les fondements du cinéma.
Un film assez moyen tout du long, présentant l'association de deux chasseurs de prime traquant une bande de braqueurs. Malgré un film maitrisé, on ne retient pas grand-chose du bébé JUSQU'AU moment où Lee Van Cleef se retrouve piégé face à son destin. C'est alors que Clint Eastwood débarque dans toute sa classe et là; "Now we start", musique Morricone, travelling avant sur Clint.... et deux cents kilos de splendeur western pure en plein dans la gueule!
Certainement le moins bon de la trilogie du dollar a mon sens. Il est très long. C’est celui qui prend le moins aux tripes, dans lequel il y a le moins de suspense. Même les scènes de duel ne scotchent pas. C’est dommage parce que sinon tout y est : duels a main armé, saloons a foison et attaque de banque. « Et pour quelques dollars de plus » aurait gagné en qualité s’il avait été raccourci.
Avec ce deuxième volet de la trilogie des dollars,Sergio Leone,enhardi par le succès de son western-spaghetti,peut laisser libre cours à sa passion du baroque et de la narration par la musique,les panoramas et les visages."Et pour quelques dollars de plus"(1965)se révèle donc captivant,tant il regorge de richesses visuelles et de trouvailles de mise en scène(flash-backs cruels,duel qui tourne au jeu d'enfant...).Il se permet même un pied de nez culotté à l'égard du christianisme,le tueur habillé de blanc représentant le Christ,ses complices,ses apôtres et son mini coffre-fort symbolisant la croix.Leone assume l'amoralité de son film,puisque aucun des deux compères à la recherche de l'Indien n'a de raison pieuse.L'un est aveuglé par une vengeance certes justifiée,l'autre par une prime conséquente.Clint Eastwood est toujours là,avec son air pincé et son humour sardonique.Lee Van Cleef vient se joindre à lui en colonel intimidant,qui va se lier d'amitié avec l'inconnu.Les séquences s'étirent à leur maximum,dans un souci de tension extrême,comme lorsque l'Indien(Gian Maria Volonté,bien décalqué)vient défier ses adversaires,à la fin de la musique lancinante d'une petite montre.Ennio Morricone enrobe le tout,comme s'il s'agissait d'un opéra picaresque.Magistral.
Après le très réussi "Pour une poignée de dollars", Sergio Leone signe un autre western très stylisé tout aussi réussi. Sa mise en scène, accompagnée par la musique d'Ennio Morricone et la prestation de Clint Eastwood, crée un univers, devenu mythique.
Un an après "Pour une poignée de dollars", Sergio Leone récidive dans le genre du western et y appose définitivement sa patte. "Et pour quelques dollars de plus" est donc le prolongement de son aîné, abordant les mêmes thèmes, les mêmes obsessions, les mêmes fulgurances de mise en scène le tout avec plus de profondeur. Cette fois-ci, Clint Eastwood n'est plus tout seul puisque Lee Van Cleef le rejoint dans sa traque de El Indio, bandit sadique et imprévisible incarné par Gian Maria Volonte. Les objectifs des personnages se télescopent, varient mais chacun d'entre eux mène à une danse macabre avec la mort, une danse soulignée par le thème entêtant d'une montre que El Indio utilise avec fétichisme. Plus long, plus profond et plus mélancolique que "Pour une poignée de dollars", ce deuxième opus de la trilogie du dollar est un petit bijou du genre, violent et cruel mais toujours aussi magnifiquement mis en scène. Difficile de trouver un pet de travers à la mise en scène de Sergio Leone qui compose les cadres avec talent, filme les gueules comme personne et valse avec la partition composée par son compère Ennio Morricone. Un sommet du genre, pas celui de la filmographie de son auteur mais c'est suffisamment de haut vol pour rester aussi inoubliable qu'incontournable.
Pour quelques dollars de plus c’est avant tout l’apparition de Lee Van Cleef, une gueule comme on en fait plus, dans la peau du colonel Douglas Mortimer. Eastwood n’est désormais plus seul pour faire de nouveau face à un Gian Maria Volonte en état de grâce (ou complètement défoncé, c’est selon) et à sa bande de tueurs. Une doublette devenue mythique par les contrastes qu’elle fait ressortir tout au long du film. D’un côté un manchot animé principalement par l’appât du gain. De l’autre, un ancien homme respectable dont la motivation se révèlera rapidement être la vengeance. Leur principal point commun hormis être des as de la gâchette ? Leur ego donnant l’impression qu’ils sont immortels, ainsi qu’un plaisir enfantin pour les paris les plus fous. Et les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste. Dommage cependant qu’un personnage comme celui de Groggy ne soit pas plus développé que ça. On ne peut par contre que s’amuser de (re)voir Klaus Kinski dans la peau du bossu et mieux encore Joseph Egger dans son dernier rôle incarner un vieux prophète siphonné à la barbichette si éloquente. Côté récit, c’est donc nettement plus complexe. Infiltration, attaque de la banque d’El Paso, démêlés avec la bande de l’indien puis finalement éradication de cette dernière. Contrairement à Pour une poignée de dollars qui souffrait un peu de son immobilisme, Et pour quelques dollars de plus nous fait beaucoup voyager, multipliant les décors (le budget du film a triplé après le succès du premier, s'élevant cette fois à 600 000 $) et les scènes de gunfight. Un côté quelque peu épique sublimé par la bande originale d’Ennio Morricone, au diapason de la mise en scène de Leone pour un spectacle son et lumière vraiment réjouissant qui restera un maître-western. Et c'était seulement la deuxième incursion de Leone dans le genre... Simplement bluffant.
Deuxième western spaghetti de Sergio Leone et de sa "trilogie du dollar", Et pour quelques dollars de plus met en scène cette fois un duo. Au beau milieu de ce western divertissant et typique (citations cultes, duels et coups de feu), Leone effleure le côté tragique de ses meilleures oeuvres, Il était une fois dans l'Ouest et Il était une fois en Amérique, par le biais du personnage de Mortimer. Comme l'Harmonica et Noodles dans ces deux films, Mortimer est un personnage coupé du monde présent et hanté par son passé, qui lui revient sous formes de flash-backs (effet de style également très présent dans Il était une fois la Révolution). Lee Van Cleef est d'ailleurs excellent dans le rôle de son personnage triste, et c'est probablement la meilleure interprétation de sa carrière (une carrière inégale, il faut bien le dire). Clint Eastwood est également, et comme toujours, très bon ; les deux comédiens forment un attachant duo. L'amitié et la camaraderie sont des thèmes très importants chez Leone, et on retrouvera ce même genre de tandem dans Il était une fois la Révolution. Les acteurs sont donc très bons (n'oublions pas non-plus Gian Maria Volonte, célèbre acteur italien particulièrement troublant dans le film), la musique est bonne elle aussi, idem pour la mise en scène, novatrice et originale, mais parfois trop (la surrenchère de courts plans sur les yeux quand Mortimer et le Manchot voient l'affiche de l'Indien, par exemple). A l'opposé, elle est trop faible et hasardeuse lors du premier duel, entre l'Indien et le traître. Enfin, toujours côté négatif, le film souffre d'importantes longueures dans la dernière partie, après la scène du braquage de la banque d'El Paso. Néanmoins, le final est à la hauteur et nous offre une très belle confrontation finale. EN BREF, un très bon western spaghetti, mais pas le chef d'oeuvre de Leone. MA NOTE : 8.5/10
Le chef d'oeuvre du Western , pour moi même un tout petit peu au dessus du bon, la brute et le truand. Des acteurs parfaits et surtout une musique et un duel final à pleurer ! Phénoménal !!
J'avais redécouvert les deux autres opus de la trilogie avec passion ; je m'attendais donc tout logiquement à passer un moment d'anthologie avec ce film dont la réputation n'est plus à faire. Le casting tient la route, comme il se doit (ce trio d'acteurs charismatiques, s'il vous plait !), mais le tout s'effondre en longueurs, lesquelles vont jusqu'à frôler l'exaspérant. Le scénario semble bien creux, ce qui m'a surpris vis-à-vis des deux autres mentionnés ci-dessus. Dommage...