Un film à l’excellente réputation que Le Sauvage, que je ne partage tout de même pas complètement pour ma part.
Le souci que j’ai noté, c’est surtout que ce film propose une histoire finalement assez basique, qui n’a pas réellement le piquant ou le relief attendu. Sur un rythme allègre, Rappeneau orchestre une comédie d’aventure plaisante, certes, mais qui manque de moments marquants, et vivote parfois de trop sur le jeu des acteurs et les beaux paysages. En clair, ça manque d’enjeux, sorte de Robin Crusoé sentimental, où l’on assiste aux badinages, aux piques et à quelques situations amusantes concernant les héros, mais où l’on s’achemine tranquillement jusqu’à la fin sans avoir ressenti grand-chose d’autres qu’un plaisir simple mais un peu vain. C’est dommage car le film commençait bien, et même si dans la dernière partie il fait revenir le fameux Toulouse-Lautrec pour pimenter les choses, c’est assez tardif.
Néanmoins Le Sauvage est un film efficace. Si l’histoire est un peu basique, néanmoins on retrouve le travail plastique convaincant d’un réalisateur appliqué et soigneux des détails. De beaux paysages paradisiaques et authentiques, une photographie lumineuse du plus belle effet, une mise en scène qui s’empare à merveille de ces décors importants, et puis une bande son plaisante, dans le ton du film, bien que je ne l’ai pas trouvé aussi marquante que dans d’autres films de Rappeneau, et en dépit du grand compositeur qui a œuvré ici. Maintenant le film est esthétique, et surtout ce choix de l’authentique en tournant sur place était judicieux.
Reste le casting, et là c’est correct, le duo Montand-Deneuve est bien agréable. Personnellement Montand est un peu en-dedans ici, un peu trop sobre, trop flegmatique même, mais peut-être cette impression vient-elle d’une Catherine Deneuve survolté et piquante à souhait. Charmante à l’évidence, sa prestation est légère et malicieuse, mais là aussi, je ne l’ai pas toujours trouvé aussi naturelle qu’espéré. Il y a un côté un peu théâtral dans leurs prestations et artificielles dans leurs relations. Ils jouent bien, c’est un fait, mais l’osmose n’est pas parfaite, et peut-être à cause des dialogues ou de certaines situations, c’est parfois forcé.
Bon, cela étant Rappeneau ne déçoit pas souvent, et ce n’est pas le cas ici avec cette comédie d’aventure rafraichissante, se laissant peut-être de trop happé par le farniente de temps à autre. Le Sauvage est sympathique, mais pour ma part, dans le registre, Le Magnifique par exemple est au-dessus. 3.5