Un film bizarroïde et lent auquel il faut bien reconnaître une véritable singularité artistique. Si la patte de Takeshi Kitano n'est pas forcément reconnaissable dans la mise en scène, elle l'est dans cette atmosphère doucereuse qui ressemble, toutes proportions gardées, à ce qu'on trouve dans certains films de Jarmush. Kitano se distingue aussi par un jeu d'acteur inédit. Il incarne ici un personnage taciturne, volontiers auteur de "violences calmes". On aime pas forcément mais c'est de l'art, et je comprends le Lion d'Or. A voir, au moins par curiosité.
Pour comprendre Takeshi Kitano il faut voir en son oeuvre en tenant compte de l'idée que les mots schématisent la réalité et ne parviennent pas à saisir l'ampleur de l'émotion humaine. Dans Hana-Bi Kitano en réalisant la synthèse de la violence et de la contemplation exprime cette philosophie. En jouant sur ce jeu de contraste il permet au spectateur de ressentir l'émotivité des personnages en purifiant les sentiments de tout académisme et conformisme. Tout est alors purement intuitif. Cela est rendu possible par la justesse du jeu des acteurs. On notera l'importance de la mémoire qui prend forme dans l'intuition et le caractère proustien du souvenir chez Kitano. Il ne faut pas chercher une morale dans ce film mais juste un explosion de sensibilité (peser au rôle du rire). D'où le titre traduit feu d'artifice. En conclusion ce film est une merveille.
Ah que c'est pénible de terminer un film pareil en restant sobre. J'aurais mis volontiers quatre étoiles si j'avais une substance illicite en ma possession, mais tel n'était pas le cas et j'ai trouvé le film affreusement lent et superbement inintéressant. Je ne connais pas bien Kitano (à part un Zatoichi nul à chier et une Battle royale fadasse) mais si sa réputation est basée sur des films pareils, je ne serai pas pressé de mater ses films. Une étoile pour la scène finale qui est assez bien foutue et qui surtout, nous délivre du supplice.
Je pense que ce film restera graver à jamais dans ma mémoire comme le fut "Old Boy" et autre. Ce film représente une des réactions possibles face à l'impuissance et face au destin tragique. Face à cela, on ne peut faire grand chose si ce n'est de se taire. Seulement, la haine envers ce monde ingras et contaminé par le désir de pouvoir pousse notre héros à utiliser la violence pour s'exprimer. Il néprouve que tendresse pour les gens qu'il aime et pour sa femme atteinte d'une maladie qui l'emportera d'ici peu. Seulement, on ne peut s'épanouir dans ce cercle de violence, seul la mort permettra à mr Nishi de pouvoir s'évader. Takeshi y est extraordinaire et s'est investi à 100% dans ce film puisque les peintures que l'on voit tout au long de ce film ont été réalisés par ses soins. Ce qui donne aussi tout son charme Hana-bi, c'est la musique envoutante rappelant un peu celles des séries américaines des années 70 et 80. Superbe film à regarder encore et encore.
Un film magnifique tout en simplicité et en émotion. Rien ne manque à ce film. L'histoire est prenante et on ne s'ennui pas en regardant ce film, Takeshi Kitano nous livre ici un film très violent mais surtout très émouvant. "Beat" Takeshi nous compose un de ses personnages habituels pas très bavard, un homme très violent et qu'on aimerait pas croisé au coin de la rue (son visage paralysé aidant) mais qui au-delà des apparences est un être d'une grande générosité qui se dépense sans compter pour les siens quitte à passer de l'autre côté de la loi. Les autres acteurs sont aussi très justes. Et le final est à pleurer! Le film est aussi excellement servi par la superbe musique de Joe Hisaishi. Ce film est également un film très artistique (Kitano ayant réalisé toutes les peintures de ce film ) la peinture joue un rôle primordial dans ce film. Je ne conaissais pas Takeshi Kitano (et j'avais tort) et je crois bien que je vais regarder ses autres films car il a l'air d'etre un excellent conteur d'histoire. Et Hana-Bi est à l'image d'un feu d'artifice à regarder avec emerveillement encore et encore!
«Hana-bi» (Japon, 1997) est le septième film de Kitano. Cette fois-ci, le cinéaste japonais traite des maux qui rongent les policiers. Habitué aux personnages de yakuza, cette fois-ci Kitano tourne sa caméra de lautre côté. Tout comme dans «Sono otoko kyôbô ni tsuki», Kitano illustre la police au moins aussi violente que les yakuzas. Cependant, rien ne sert de comparer ce film avec les autres uvres du cinéaste, «Hana-bi» sen détache fondamentalement. Les jeux sont fait ( cf «Sonatine» ) rien en va plus. Rongé par un passé au souvenir sanglant et par un présent au silence meurtrier, le film côtoie la mort avec un humour potache idoine à «Beat» Takeshi. Cest lhistoire dun flic handicapé des suites dune vengeance ( Osugi ) dun autre flic souffrant du souvenir de la mort de sa fille et de la mort imminente de sa femme ( Kitano ) et dun jeune flic déjà chargé dune expérience marquante ( Terajmia ). Bref, «Hana-bi» se présente comme un film sur le désespoir où la mort ( et plus spécialement le suicide ) semble être la seule issue à cette tragédie grecque. En effet, Kitano est un homme de théâtre. Si cela se remarque dans la mise en scène de «Ano natsu » où quasi-chaque plan se compose dune entrée et dune sortie, les origines théâtrales de Kitano se remarquent dans lhistoire d«Hana-bi». Kitano, tout en y mettant son style, traite le film comme une tragédie dont la seule issue est la mort. Le film possède le meilleur montage quil soit dans un film de Kitano, liant astucieusement une action ou une image à un message. Bref, Kitano en plus de mettre à la sauce nippone la tragédie grecque fait flotter une poésie grave. Lhistoire, la mise en scène, même les lumières font référence au traumatisme de Kitano. Le cinéaste ayant frôlé la mort, «Hana-bi» reflète le besoin dexpression du cinéaste et cest dailleurs ce qui fait lune des grande force du film, cest car il sagit dun film dauteur ultra-personnel où Kitano se livre avec une pudeur noyée de beauté.
A l'aide d'un style très dépouillé, le réalisateur met en scène en même temps : l'amour/la mort, l'espoir/le désespoir, le calme/la violence avec une maestria rarement égalée grâce à Kitano lui même dont l'absence de parole et le visage figé traduit de façon paradoxale les émotions les plus fortes. On peut penser à Melville de par ces personnages au bout du rouleau qui vont jusqu'à leur ultime combat. Le film est composé d'explosion brutale alternant avec des moments de lenteur jamais contemplatifs.
Alors que Kitano s'est sauvagement sabordé au cours de la dernière décennie, préférant - non sans une certaine élégance destroy - la bouffonnerie et la confusion à la consécration artistique, que nous dit encore son "Hana Bi", que j'ai personnellement toujours considéré comme son plus beau film, parce qu'en équilibre dangereusement instable entre ses "yakuzas-films" sadiques et ses "mélodrames" jugés trop "faciles" ? Que le cinéma, même après plus d'un siècle d'existence, reste capable d'inventer de la forme, de nouvelles manières de conter les mêmes vieilles histoires - même si le recyclage de ces nouvelles formes s'opèrent désormais si rapidement qu'elle deviennent de nouveaux poncifs en quelques années... Que rien n'est plus beau que le brouillage systématique des repères du spectateur si confortablement installé dans les codes du cinéma-spectacle, et que c'est tout simplement un sentiment merveilleux que se trouver ainsi partagé entre bonheur et déchirement... Que, comme on le sait depuis longtemps, depuis les grands réalisateurs du muet, l'écart entre le grotesque et le sublime est à la fois insignifiant, mais est aussi suffisant pour qu'un film entier s'y promène sans nous lasser... Que le 7ème Art peut parler de manière bouleversante de la peinture, loin des codes habituels... Qu'il n'y a pas de limite à l'art lorsqu'il prend frontalement en charge le meilleur comme le pire de l'humanité... Pour tout cela, en 2011, "Hana Bi" n'a pas vieilli d'un poil !
Selon moi il ne s'agit certainement pas du meilleur des Kitano. La lenteur d'un film peut être un facteur de qualité si elle est bien exploitée, ce qui est plutôt mitigé ici. Toute fois, l'assurance avec laquelle le réalisateur met tout ça en oeuvre et sa conception du cinéma qui en ressort ( trop facilement peut être d'ailleurs) renvoie aux qualités certaines du réalisateur, mais peut être pas assez aux qualités du film en lui même. Malgré cela, ceux qui ne connaissent pas encore Kitano pourrons saisir sans difficulté son approche du cinema, et je le dit pour eux comme pour ceux qui ont déjà eu à faire à Kitano, j'adore Kitano, c'est mon préféré depuis pas mal de temps...Mais préférez d'autres films....
Takeshi/ Filmer l'omniprésence de la mort, de la souffrance qui anéantissent.
Beat/ Faire jaillir de l'écran des éclairs de bonheur, de bravoure, de partage.
Comme on le sait c'est toujours le réalisateur qui a le dernier mot.
N'empêche qu'Hana-Bi joue de ce paradoxe qui au-dela de son drame redonne incroyablement joie de vivre. L'acteur Kitano est emblématique, classe tout simplement: Il est le Clint Eastwood asiatique qui transperce l'écran quasi démiurge des mondes dans lesquels ils évoluent et jugent devoir donner la mort lorsque cela rentre dans l'évolution de ce monde.
Peut ainsi faire penser à Million dollar baby dans son approche.