Il m'arrive parfois d'écrire un roman pour une critique; parfois je suis plus avare, car il m'est impossible d'écrire une bible sur un film. Hana Bi fait clairement partit de ceux la. Et ce n'est pas parce que je n'ai pas aimé le film, car au contraire démolir un navet il y a beaucoup de moyens de s'y prendre. Mais précisément parce que le film est bon, et m'a ému sans que je ne sache pourquoi, ou ne sache l'exprimer.
Hana Bi est un film profondément mélancolique qui doit enormement au jeu de Beat Takeshi, et si je peux dire que ca tient principalement à son jeu, c'est parce qu'une nouvelle fois le japonnais prend le film part devant et par derrière. Son visage inexpressif réussit à tout exprimer : pêle mêle tristesse, colère, remords et regrets, haine, amour, détachement, depression, simplicité, que l'on pourrait rassembler comme une expression générale de la mélancolie. Hana Bi est mélancolique. Et c'est fortement étonnant de la part de Kitano, car si son visage exprime presque naturellement celle-ci, on connait plus le bonhomme par son humour totalement déjanté et noir. Un humour pas absent, mais toujours suggéré, jamais exprimé clairement. Certains traits du montage et de la mise en scène, comme certains dialogues touchants mais pourtant totalement absurde peuvent donner à rire, mais toujours sous le même couvert de la mélancolie.
Hana Bi c'est aussi une histoire touchante, hantée par des souvenirs douloureux, dont l'issue nous semble évidente et si intrigante en même temps. Une histoire pessimiste, qui ne remonte jamais la pente, mais qui évite les violons et le pathos -heureusement merci-. Peut-être que ce qu'il manque au film de Kitano, c'est peut-être une mise en scène encore plus soigné, outre la mélancolie des protagonistes aurait pu s'ajouter une meilleure mélancolie des paysages; mais aussi peut-être que certains points, notamment sur son passé, ses flash back, ou la relation qu'entretient Beat Takeshi avec d'autres personnages, tout ces points auraient mérités parfois d'être approfondi. Il y a peut-être quelque longueurs inutiles alors que d'autres scènes auraient gagnées à être prolongées. Le format du film en lui-même, 1h30, est un peu court pour exprimer tout ce qui pouvait s'exprimer. Mais peut-être que notre maintien dans l'ignorance permet de conserver des sentiments intacts, et le film de Takeshi Kitano réussit à nous toucher, ce qui dans le cinéma est quasiment avant tout autre aspect technique la fin à atteindre.
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