Un très bon péplum à l'ancienne, avec un scénario librement adapté : dans la Grèce antique, pour reconquérir le royaume de son père Éson usurpé par son demi-frère Pélias, Jason doit rapporter à ce dernier la fabuleuse Toison d'or qui se trouve en lointaine Colchide. Il s'embarque à bord du navire Argo avec toute une équipe de héros, les Argonautes. À la fois aidés et contrariés par des dieux et déesses rivaux, ils vont être confrontés aux éléments déchaînés et à des créatures plus monstrueuses les unes que les autres : le colosse Talos, les deux horripilantes Harpies, les rochers broyeurs Symplégades, une hydre (un horrible dragon à sept têtes) ainsi qu'à une armée vindicative de terribles et agiles squelettes. Mais Jason va connaître l'enchantement amoureux sous les traits de Médée, vaincre les obstacles et rapporter la Toison d'or. "Jason et les Argonautes" est librement inspiré de la mythologie grecque. Réalisé par l’anglais Don Chaffey, ce péplum est devenu l’archétype du film d’aventure et reste marquant par ses extraordinaires effets spéciaux signés Ray Harryhausen, qui anime de façon spectaculaire des monstres et autres créatures malfaisantes. Bien évidemment, ces effets spéciaux peuvent faire sourire aujourd’hui mais on ne peut qu’être frappé par leur pouvoir de frapper nos esprits. Et comme le fait remarquer l’historien Jacques Lourcelles, leur maladresse relative donne aux créatures une certaine fragilité et par la même une certaine humanité. L’inventivité est remarquable, la mise en scène est parfaite. De l’ensemble, se dégage une indéniable poésie qui donne à ces aventures une dimension supplémentaire et unique. C'est un film incontournable dès que l'on s'attelle à la découverte de l'univers mythologique cinématographique. Celui par lequel il faut commencer. "Jason et les Argonautes" est l’œuvre d'un personnage décisif dans l'histoire des effets spéciaux, Ray Harryhausen, successeur de Willis O'Brien (à la barre des effets de "King Kong" de Cooper) et précurseur de Denis Muren (le patron d'ILM) qui entama une nouvelle ère en révolutionnant le monde du cinéma avec les dinosaures de "Jurassic Park". Tout ce qui fait la magie de ce film et son ampleur dramatique, ce sont les marionnettes de Ray Harryhausen, si expressives, si puissantes et si vivantes. Aujourd'hui, on les regarde comme des objets curieux sans se rendre compte que c'est ça qui nous intéresse dans le film. En effet, le scénario est très léger, il s'agit d'un péplum ou d'une fresque de fantasy. Le ton d'humour est omniprésent et c'est tant mieux, cela laisse le champ libre au pouvoir fascinant des figurines. D'autant plus qu'un mythe n'a pas à être filmé avec pesanteur et grandiose pour être épique. Les acteurs sont bons et adoptent à merveille ce ton sympa et épuré qui caractérise l'ensemble du long-métrage, et on sent que le réalisateur a voulu avant tout élaborer un film amusant; en témoignent les scènes sur Olympe avec la fameuse partie des Dieux qui sont on ne peut plus comiques sans aller chercher dans le caricatural/grossier. Les rebondissements arrivent rapidement et le déroulement de la trame reste classique, avec trahison, amour et quête initiatique. Les moments les plus marquants sont sans conteste la fuite face au Titan de bronze, le combat contre l'Hydre et bien sûr la bataille finale diablement rigolote contre les squelettes. Toutes ces séquences sont spectaculaires en prime, et on adore tous ses monstres dès qu'on a posé les yeux sur eux. Pourrait-on reprocher la fin un peu vite expédiée ? Au contraire, je dirais que c'est parfaitement calculé : on coupe pile quand on sait que c'est fini et qu'on s'est bien éclaté sans rajouter d'inutiles blabla qui ternissent un poil notre plaisir. Tout en promettant une suite bien sûr. Un joli bijou digne d'un travail d'orfèvre, une pépite à déguster au plus vite ! Reste que le film a assez mal vieilli...