Grand classique de la filmographie de Gérard Oury, "La Folie des grandeurs" se passe dans l'Espagne du XVIIe siècle. Charles II est installé sur le trône mais ce roi portant beau, interprété par Alberto de Mendoza, n'a pas grand chose à voir avec la réalité historique d'un souverain sous tutelle, disgracieux et cacochyme, mort à 38 ans, victime d'une ascendance lourde en mariages consanguins. A ses côtés, Marie-Anne de Neubourg, princesse bavaroise qu'il a épousée en secondes noces après le décès de sa première épouse, Marie-Louise d'Orléans. Le soin apporté aux décors et aux costumes fait vite oublier les libertés prises avec l'histoire et le drame de Victor Hugo, "Ruy Blas", et puis d'ailleurs le cinéma n'a pas vocation à coller à la réalité. Sur une musique très primesautière signée Michel Polnareff, la partition jouée par le duo Louis de Funès/Yves Montand fonctionne à merveille. De Funès grimace tant et plus dans le rôle de don Salluste, ministre des Finances particulièrement vil, flatteur obséquieux à la cour, infect avec le petit peuple dont-il détourne sans scrupules à son profit une partie de la collecte d'impôts. Infect aussi avec Blaze, son "bon Blaze", le malicieux valet, interprété par un Montand plein de ressources pour déjouer les manigances de son maître, mais dont le talon d'Achille s'avèrera l'amour qu'il porte en secret à la reine... Dans cette comédie historique aux ressorts vaudevillesques, ça complote derrière chaque porte. Les Grands d'Espagne retournent leur pourpoint pour ourdir un attentat contre le roi et la duègne, laide comme un pou, minaude auprès de Blaze dont-elle se croit aimée. Inénarrable Alice Sapritch, prête au sacrifice jusqu'aux Barbaresques !... Malgré son capital sympathie, le film a beaucoup vieilli et ce comique burlesque fait de grosses ficelles, de trahisons et de quiproquos, ne parvient pas toujours à déclencher le rire.