Frédérique part à la rencontre de son père (C.Rich) dont elle vient de découvrir l'identité. La jeune femme découvre en même temps l'homosexualité de celui-ci et croit bon, pour s'en faire accepter, de jouer les fils invertis.
"Le derrière" nomme espièglement une comédie sur l'homosexualité et le travestissement. Pour autant, Valérie Lemercier, réalisatrice et actrice, évite sagement l'écueil d'une énième "cage aux folles", même si les premières figures parisiennes que croise Frédérique sont des folles en bonne et due forme. Si Lemercier joue, tout au long du film, avec les codes de la comédie gay et du vaudeville, elle nous en épargne la trivialité et les excès courants qui, d'ailleurs, ne font sans doute plus rire grand monde...
Son aimable caricature de l'inversion sexuelle n'est pas dépourvue des formules et des affectations amusantes des homos, mais le ton de la comédie de moeurs est sans malveillance. Aux péripéties mesurées du scénario, Lemercier associe un personnage de jeune femme candide, avec ses petits airs de clown triste, en tout cas un personnage bien moins extravagant que ne le laisse supposer sa démarche de garçon outrageusement efféminée (ou le contraire). Valérie Lemercier est d'ailleurs , en tant que comédienne, le meilleur atout de son film (ce qui n'enlève rien au couples d'amants inattendu que forment
Claude Rich et Dieudonné)
. Ses expressions et ses grimaces parfois, son ingénuité presque infantile et ses mines rieuses ou légèrement mélancoliques en font une figure attachante, une sorte de Pee Wee au féminin.
En revanche, sa mise en scène est terne et manque cruellement de rythme, de fantaisie. A quoi s'ajoutent quelques seconds rôles un peu fades
(Marthe Keller, en bourgeoise et alibi social de Claude Rich, Patrick Catalifo en possible amoureux de Frédérique).
Et la comédie ronronne par moments, gênée d'un côté par son refus du vaudeville débridé et, de l'autre, par un évident manque de relief comique. On rit peu parce qu'il y a peu de gags ou de situations entrainantes ou surprenantes. "Le derrière" est un film tiède, d'un esprit comique comme indécis, timide -à l'image de Frédérique- un film sympathique mais inabouti.