Premier film que je vois du réalisateur underground Jonas Mekas, "The Brig" pourrait être mentionné de documenteur. En effet, Mekas, muni de sa caméra, prend la place du journaliste filmant une journée entière au sein d'une geôle des Marines. Sauf que prisonniers et officiers sont tous interprétés par des acteurs de théâtre. Ayant vu la pièce "The Brig" lors de la dernière représentation, Mekas fut tellement sidéré par la réalité de la mise en scène qu'il décida de filmer l'ensemble à la manière d'un documentaire. Ainsi, l'on assiste à une représentation théâtrale qui n'en est pas une, ou du moins qui tente de faire comme si elle n'en était pas une. Le moins que l'on puisse dire, c'est que "The Brig" est l'un des objets cinématographiques les plus singuliers qui m'ait été donné de voir. A l'ambiance oppressante, "The Brig" se veut un pamphlet contre les méthodes cruelles utilisées par les officiers chargés de garder les prisonniers de guerre. En ce sens, les acteurs sont tous exceptionnels tant ils parviennent à retranscrire avec une réalité effroyable la souffrance des dits prisonniers, et la mégalomanie malsaine des officiers, qui s'amusent avec l'être humain comme un enfant avec ses jouets. "The Brig" fleure bon le sentiment de révolte vis-à-vis des méthodes militaires, ainsi que du climat qui y règne. "The Brig" énerve, autant qu'il impressionne, de par ce capharnaüm constant, et de par cette caméra, plongeant le spectateur au cœur de l'horreur. Jonas Mekas livre un film intense et simple en apparence, qui, malgré ses défauts technique, parvient à prendre le spectateur par les tripes et ce jusqu'à la dernière seconde. Un film atypique, qui gagna le grand prix du documentaire au Festival de Venise, récompense amplement méritée vu l'authenticité de ce film. Un pamphlet anti-militariste, mais aussi un élément de réflexion quant à la véracité de l'action au cinéma.