Si la mécanique sans faille du célèbre « Doulos » a aussi bien traversé le temps et fait tant démules paraît-il (Tarantino, Woo
), ce nest bien sûr pas un hasard. Plus de quarante ans après sa sortie, le spectateur néophyte, sil est de bonne foi, rangera ses mauvais préjugés du « noir & blanc » au placard et se laissera aisément emporter par ce polar de tout gros calibre, hautement symbolique dans la carrière de Jean-Pierre Melville. Dans cette adaptation tirée dun roman, le réalisateur témoigne largement de ses fameuses inspirations doutre-Atlantique des films des années 30. Ambiance obscure, trahisons, tueries, cigarettes, scotch, grisbi (
) : tous les éléments classiques du policier sont ici réunis, mais difficile, cependant, danticiper lintrigue finale, contrairement à la majorité des films du genre à cette époque, doù un intérêt certain à nous tenir en haleine du début à la fin. Certes, bien que les DS nagent en studio de façon presque risible, limage générale est dune netteté plaisante, tout comme est envoûtante la musique de Misraki (et de Loussier) du début à la fin, sans oublier le casting, denfer pour lépoque, avec les Belmondo, Reggiani, Piccoli et Desailly. Alors, si la jeune génération se targue davoir aimé le plus récent « 36, Quai des Orfèvres », marquant le retour du polar français sur grand écran, elle se devrait nécessairement dapprécier ce classique incontournable