"le Doulos" n'est peut-être pas le film le plus connu de Jean-Pierre Melville,mais il est précurseur de ses futurs chefs d'oeuvre,et de son style épuré et minutieux.On est face à un très bon polar noir,où chacun des personnages,inspecteurs comme truands,sont énigmatiques,équivoques,douteux.Présenté comme une tragédie grecque à la tension maintenue par l'allongement des séquences,le film pâtit néanmoins d'une intrigue confuse,mêlant braquage,réversibilité des rôles,mensonges,meurtres et vengeance.De fait,les fils se dénouent dans les dernières minutes,mais avant cela on a un peu de mal à tout saisir.La photographie en noir et blanc donne un aspect intemporel à ce film de 1962,qui rend hommage aux classiques américains de John Huston ou Howard Hawks des années 40.Le casting est irréprochable.Redécouvrir Belmondo en être plein de contradictions,visage fermé,a quelque chose de rassurant.Il est le fameux "doulos",l'indic,la balançe,aux motivations plus nuancées qu'escomptées.Quant à Serge Reggiani,Michel Piccoli et Jean Desailly,ils assurent comme de coutume.Bien que le rythme soit parfois exaspérant,on accroche grâce à une certaine atmosphère,étrange et menaçante.La patte Melville est bien là.