Votre avis sur Turkish delices ?

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Publiée le 17 février 2015
« Turkish Délices », c’est le deuxième film du réalisateur hollandais Paul Verhoeven, alors âgé de 35 ans, et débutant tout juste dans le milieu du cinéma après un premier film « Business is business » que je n’ai pas encore réussi à me procurer, mais plutôt mal reçu par la critique de son pays. On peut donc considérer que le début des affaires pour le Hollandais Violent commença réellement avec ce « Turkish Délices », projet audacieux relatant la vie de couple hors-normes d’Érik, sculpteur contestataire, et Olga, jeune femme extravertie de bonne famille. Tout ce qui caractérise le cinéma de Paul Verhoeven, américain comme hollandais, se trouve déjà dans ce film, à savoir une critique acerbe de notre société, de ses normes, de ses conventions, les rapports de domination entre l’homme et la femme…, et bien sûr un brin de subversion.

Et cette subversion, comme souvent chez lui, elle s’exprime tout d’abord par le sexe. Mais, comme toujours chez lui, jamais l’on ne tombe dans la gratuité, dans le faux, tout est parfaitement dosé, en phase avec la philosophie des personnages. Et pourtant, le film choque et veut choquer. Éric est un libertin, symbole d’une Hollande en plein bouleversement des mœurs, qui n’en a que faire des règles imposées par la société, couche avec la première femme venue, s’adonne à toutes sortes de pratiques sexuelles... Mais avant tout, c’est un artiste. Toute cette vulgarité, cette sauvagerie se verra compensée par de purs moments de tendresse, de beauté. Au cours du film, il pourra passer une nuit, ébahi, à contempler Olga dormir comme un nourrisson le pouce dans la bouche, s’amuser à sculpter le sable autour de son corps, chercher à préserver sa naïveté et son innocence en toutes circonstances… Finalement, contre toutes attentes, c’est avant tout une magnifique histoire d’amour que nous conte Verhoeven, et la seule de sa carrière avant son grand retour en 2006 avec « Black Book ». Une histoire d’amour vraie et sincère entre deux êtres que tout semble opposer, que les normes sociales chercheront tant bien que mal à détruire.

En plus d’être magnifiquement interprétés par un Rutger Hauer au sommet de son charisme, impressionnant d’agilité et d’animalité, et d’une Monique van de Ven incroyablement touchante, qui attrape immédiatement le cœur du spectateur de par sa joie de vivre communicative et l’immense palette d’émotions qu’elle dégage, les deux protagonistes sont dotés d’une grande justesse d’écriture. Le traitement est fin, sans lourdeurs, ne repose sur aucun artifice. On ne fait que suivre leur vie de couple, par le biais de nombreuses scènes, d’étapes dans leur vie commune, en rapport avec la famille d’Olga, le travail d’Éric, leurs voyages… On passe du rire aux larmes, de la joie la plus pure à la détresse la plus totale… Bref, on y croit. C’est pourtant une histoire qui ne se refuse aucun excès à laquelle on a affaire, mais outre cette outrance justifiée par la nature des personnages, c’est aussi dans sa critique sociale que Verhoeven vise juste. Le metteur en scène a beau ne pas être adepte de la subtilité (en démontreront ses films suivants, « Le Quatrième Homme » en particulier), le portrait de la haute société qu’il brosse et développe tout au long du film évite tout manichéisme, prend le temps de montrer tout ce qu’il y a de bon chez les parents d’Olga, chez son père tout d’abord, seul véritable membre de cette famille apprécié par Érik, puis chez sa mère, profondément détestable mais à qui Verhoeven accordera quelques moments plus doux.

Il nous fait comprendre avec ce qu’il faut de subtilité qu’au-delà de leurs milieux sociaux respectifs, cette histoire d’amour entre Érik et Olga, fondamentalement, ne peut pas fonctionner. Verhoeven l’annonce dès leur rencontre et l’accident de voiture, un tel contraste entre les deux jeunes gens, mêlé à leur tempérament explosif ne peut qu’être voué à l’échec. Mais l’on va y croire jusqu’au bout, on va suivre aveuglément le personnage de Hauer dans l’espoir que l’issue de cette histoire puisse être heureuse. C’en est un véritable tour de force, maintenir l’attention du spectateur à partir du simple attachement que l’on éprouve envers les personnages, sans véritable intrigue, sans fil conducteur… Magnifique, tout simplement.

Le film est lui-même marginal, s’affranchit de toutes règles, manipule le spectateur à travers le montage et divers flash-backs, à la manière des deux premières séquences oniriques servant d’introduction au métrage, déroutantes et mensongères. Dès son deuxième film, Verhoeven pose les premiers jalons de son cinéma, prend des risques, et adopte une mise en scène crue et riche en symboles, avec entre autres un gros travail sur la lumière, et une obsession pour les miroirs qu’il développera dans ses films suivants, objet voyeuriste, témoins de tout, qui observe en silence. Il utilise une caméra très mobile, la plupart des scènes étant filmées caméra à l’épaule, mais dont les mouvements sont relativement contrôlés. L’approche du film se veut un aspect documentaire, Verhoeven s’appuie sur le naturel des décors, la variété des situations et péripéties pour emporter l’adhésion du spectateur et accentuer davantage le réalisme du métrage.

Sur le plan technique, « Turkish Délices » surprend. La photographie de Jan de Bont offre de superbes tableaux et sert au mieux la mise en scène de Paul Verhoeven, à l’image de cette scène du repas d’une lumière rouge infernale, absolument terrifiante, ou de la superbe captation des couchers de soleils. Du côté de la musique, Rogier Van Oterloo parvient également à se distinguer à travers quelques morceaux constitués majoritairement d’harmonica et de piano, transmettant toute l’essence tragique nécessaire à une telle histoire. On retiendra aussi ce petit sifflement entêtant, empreint de cet esprit libertaire cher à son auteur.

Bref, Paul Verhoeven signait avec « Turkish Délices » son premier grand film, drame déchirant et poignant, véritable tourbillon d’émotions, pertinent dans son propos, provocateur dans son traitement… Un grand réalisateur était né, et il ne comptait pas s’arrêter là !
3,0
Publiée le 21 janvier 2016
Choquant!? J'avoue ne pas avoir été choqué pour le moins du monde...Il y a bien quelques scènes de sexe mais absolument rien de malsain ne s'en dégage. C'est plutôt une très jolie romance que nous conte l'excellent Paul Verhoeven abordant de nombreux thèmes sur fond de musique à l'harmonica qui ferait presque penser à un film avec Pierre Richard. D'un côté Erik l'artiste bohème contestataire, de l'autre Olga la petite bourgeoise pas très claire dans sa tête, nous suivons leurs péripéties dans un scénario d'une grande finesse où Verhoeven se montre de plus en plus touchant dans sa mise en scène. Une belle histoire autour de la libération sexuelle qui n'est pas sans rappeler "Les valseuses" de Blier...
4,0
Publiée le 22 janvier 2015
L'histoire d'amour en Hollande entre Eric, un sculpteur bohème et sans lois et Olga, jeune femme qu'il rencontre en auto-stop et issue d'une famille conservatrice...

La passion amoureuse et sexuelle, l'addiction à l'autre, l'amour destructeur ou encore la vie en couple, c'est une relation tumultueuse sous le signe de la libération et l'émancipation sexuelle que Paul Verhoeven met en scène pour son second film. Provocateur, cru, subversif et sans concessions, le hollandais violent met en avant cette belle mais chaotique histoire d'amour, teinté d'une certaine mélancolie.

C'est à travers le portrait de ces deux jeunes hollandais que Verhoeven passionne et notamment Eric, qui voit en Olga la perfection, il en fait sa muse et lui donne tout son amour. Il décrit Eric comme un artiste anticonformiste, provocateur, charismatique et dont le sexe occupe une place très importante dans sa vie face à une Olga qui va découvrir le monde d'Eric et sortir de sa vie aisée et bourgeoise. Et Verhoeven retranscrit très bien toute cette passion, allant de beaux moments lyriques à l'amour destructeur en passant par la consommation de cet amour. "Turkish Delight" représente aussi le tableau d'une société hollandaise qui évolue, où la vie bohème et la libération sexuelle représentée par Eric sont opposé à la vie bourgeoise et traditionnel de la famille d'Olga et notamment de sa mère.

Très bien écrit et sans oublier l'humour, "Turkish Delight" bascule peu à peu vers le drame où l'amour fou ne survit pas à la vie de couple et au temps qui passe. Verhoeven nous offre un cocktail d'émotion avant de voir, avec mélancolie, les changements de la vie et du temps. Et enfin "Turkish Delight" repose aussi sur son talentueux duo de comédiens et notamment Rutger Hauer où son charisme crève déjà l'écran.

Dès ce second film Verhoeven pose les bases de son cinéma et livre une histoire d'amour non conventionnelle sur fond de libération sexuelle dans une société hollandaise en évolution.
3,5
Publiée le 14 septembre 2014
Turks Fruit est un livre culte de Jan Wolker, étudié par la plupart des lycéens néerlandais. Pour son deuxième long-métrage, Paul Verhoeven a la lourde tache d'adapter ce roman qui a marqué son adolescence sur grand écran. L'intrigue du film se noue autours de l'histoire d'amour entre Erik, un artiste désargenté, et Olga, une jeune fille issue de la petite bourgeoisie. Mais rassurez-vous, on est très loin des bluettes hollywoodiennes! Turks Fruit se veut réaliste et aucun des aspects de la vie de couple n'est éludé: le sexe, le quotidien, la violence, la maladie... Le hollandais violent en profite au passage pour égratigner la bonne société hollandaise, figée dans un protocole passéiste. Le film doit beaucoup à l'interprétation magistrale des deux acteurs principaux: Rutger Hauer qui crève déjà l'écran pour son premier grand rôle au cinéma et Monique Van De Ven éblouissante de fraicheur et de liberté. Néanmoins, le manque de moyen (caméra à l'épaule, truquages maladroits...) et la structure narrative un peu bancale (la narration non chronologique n'apporte pas grand chose selon moi) gâchent légèrement mon plaisir de spectateur.
3,0
Publiée le 21 octobre 2022
Désireux d'opposer l'esprit bohème aux conventions bourgeoises le récit suit surtout les fantasmes sexuels et la frustration amoureuse d'un détestable personnage, égoïste, inconséquent, vulgaire, campé excellemment par Rutger Hauer. Son histoire sentimentale entre tendresse et perversion, dans une chronologie non linéaire, peaufine sa psychologie mais ne passionne guère malgré son empreinte visuelle, la provocation vaine étant peu intéressante. Un parti pris assumé qui séduira ou lassera.
2,5
Publiée le 11 janvier 2017
L'amour passionné et sans pudeur d'un couple déjanté. J'ai eu un peu de mal à faire le lien avec la toute première scène et le final. Le film est très bizarre, surtout dans le comportement culotté et imprévisible du couple. A la fin, lui semble plus mâture alors qu'en premier lieu, c'est un fêtard qui ne pense qu'au sexe et à l'art... Il peint, sculte, dessine. Elle est encore plus atteinte. Film original, cru et à la limite du scatologique par moment. Le réalisateur de Robocop aime bien explorer l'intimité de ses personnages tantôt délirants, tantôt répugnants. Personnellement, je ne le reverrai pas.
4,0
Publiée le 16 avril 2016
Verhoeven, c'est une valeur sûre à deux exceptions près (les navrants Showgirls et Tricked). A vrai dire, je ne connaissais de lui que sa fabuleuse période américaine (Robocop, Total Recall, Basic Instinct, Starship Troopers) et un film hollandais plus récent, le monumental Black Book. Avec Turkish Delices, on remonte le temps pour aller chercher les fondements du ciné de Verhoeven sur sa terre natale au début des 70's. Une très belle histoire d'amour passionnel matinée d'un dressage de portrait social assez caustique. Alors certes, je préfère ses explorations grandiloquentes américaines mais dialogues, interprétation et thématiques sont justes et diablement avant-gardistes. Et malgré l'ambiance radicalement différente de celle des films sus-cités on retrouve tout l'univers de Paul Verhoeven et notamment cette trivialité du corps. Vomi, sang, excréments, larmes, crachats, c'est pas le menu d'un resto pour touristes à Carnac mais des mets de choix entre les mains de celui qui saura les manier. Chez Verhoeven, la beauté surgit dans le crade et la tromperie et la posture morale est confrontée aux exigences du corps. L'humain y est à la fois beau et dégoûtant. Et c'est exactement pour ça que j'aime le cinéma de Paul Verhoeven.
3,5
Publiée le 8 novembre 2023
Un cinéaste est né. Avec Turkish Délices, Verhoeven se fait connaître pour son style si singulier. C'est aussi le début de la formidable association Paul Verhoeven-Ruger Hauer. C'est aussi un personnage féminin très bien développé et superbement incarné par Monique Van de Ven. L'histoire est assez basique mais on y retrouve toute la pâte irrévérencieuse du cinéaste (et son manque d'émotion malheureusement).
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 17 février 2015
L'histoire dramatique, fascinante, crue et sans tabous d'une violente passion charnelle.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 14 juin 2016
Turkish delices est un chef d'oeuvre uniquement dans sa version originale, sous-titrée ou pas.. C'est la version trash de Love story, et c'est infiniment mieux. La version doublée française est une catastrophe... les voix françaises parlent faux et totalement sans émotion ce qui pour un film sur la passion est un comble, et puis elles ont vieilli... Dommage, parce que le public francophone passe à côté d'une histoire bouleversante, et sans doute un des meilleur rôles de Rutger Hauer.
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 14 octobre 2014
Film d'une rare puissance esthétique et dramatique qui aura inspiré nombre de films par la suite. Certains plans sont juste incroyable de beauté. Bonne adaptation du livre. à voir absolument un jour (si vous avez plus de 16 ans:)
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